Ne Pas Défier Le Cœur
Amy Blankenship
Ne pas défier le cÅur
Série : The Guardian Heart Crystal
Author Amy Blankenship
Translated by Sofia Mohamed
Copyright © 2010 Amy Blankenship
English Edition Published by Amy Blankenship
French Edition Published by TEKTIME
All rights reserved.
La légende du cÅur du temps
Les mondes peuvent changer... mais les vraies légendes ne disparaissent jamais.
L'ombre et la lumière se battent constamment depuis la nuit des temps. Les mondes sont formés et écrasés sous les pieds de leurs créateurs, mais le besoin continu de bien et de mal n'a jamais été en question. Cependant, un nouvel élément est parfois jeté dans le mélange... la seule chose que les deux camps veulent mais qu'un seul ne peut avoir.
Paradoxal dans la nature, le Cristal du CÅur du Gardien est la seule constante que les deux camps s'efforcent toujours d'atteindre. La pierre cristalline a le pouvoir de créer et de détruire l'univers connu, mais elle peut en même temps mettre un terme à toutes les souffrances et les conflits. Certains disent que le cristal a son propre esprit... D'autres pensent que les Dieux sont derrière tout cela.
à chaque apparition du cristal, ses gardiens ont toujours été prêts à le protéger de tous ceux qui l'utiliseraient de manière égoïste. L'identité de ces gardiens demeure inchangée et ils aiment avec la même férocité, qu'importe le monde ou le temps.
Une fille se trouve au milieu de ces anciens gardiens et est l'objet de leur affection. Elle a en elle le pouvoir du cristal lui-même. C'est la détentrice du cristal et la source de son pouvoir. Les limites s'estompent régulièrement, et lentement, « protéger le cristal » se change en « protéger la prêtresse des autres gardiens ».
C'est le vin qui abreuve le cÅur de l'ombre. C'est le moyen permettant de rendre les gardiens du cristal faibles et sensibles aux attaques. L'ombre a besoin du pouvoir du cristal et de la fille, tout comme un homme aurait besoin d'une femme.
Parmi toutes ces dimensions et ces réalités, vous trouverez un jardin secret connu sous le nom de CÅur du Temps. à cet endroit, la statue d'une jeune prêtresse humaine s'agenouille. Elle est entourée d'une magie ancestrale qui garde son trésor secret caché et bien conservé. Les mains de la jeune fille sont tendues comme si elle attendait que quelque chose de précieux y soit placé.
La légende raconte qu'elle attend que la pierre puissante connue sous le nom de Cristal du CÅur du Gardien lui revienne.
Seuls les Gardiens connaissent les vrais secrets de la statue et savent comment elle a vu le jour. Avant l'apparition des cinq frères, leurs ancêtres, Tadamichi, et son frère jumeau, Hyakuhei, protégeaient le cÅur du temps durant sa période la plus sombre. Pendant des siècles, les jumeaux ont protégé le sceau qui empêchait le monde humain de chevaucher le royaume des démons. Cette tâche était sacrée, et les vies humaines, tout comme celles des démons, devaient être protégées et rester secrètes pour l'autre monde.
Inopinément, sous leur règne, un petit groupe d'humains était accidentellement entré dans le monde des démons à cause du cristal sacré. Durant une période trouble, ses pouvoirs avaient provoqué une déchirure dans le sceau qui avait séparé les dimensions. Le chef du groupe d'humains et Tadamichi étaient rapidement devenus alliés, faisant un pacte pour fermer la déchirure dans le sceau et pour garder les deux mondes séparés l'un de l'autre pour toujours.
Cependant, à cette période, Hyakuhei et Tadamichi étaient tous les deux tombés amoureux de la fille du chef humain.
La déchirure avait été réparée par Tadamichi et la fille du chef contre la volonté de Hyakuhei. La force du sceau avait été décuplée, séparant le dangereux triangle amoureux pour toujours. Le cÅur de Hyakuhei était détruit... Même son propre frère de sang, Tadamichi, l'avait trahi en s'assurant que la prêtresse et lui soient séparés pour l'éternité.
Une fois perdu, l'amour peut devenir la chose la plus épouvantable. Le cÅur brisé de Hyakuhei se changea en colère et en jalousie malveillantes causant une lutte entre les frères jumeaux, mettant fin à la vie de Tadamichi et séparant leurs âmes immortelles. Ces éclats d'immortalité créèrent cinq nouveaux gardiens pour préserver le sceau et le protéger de Hyakuhei qui avait rejoint les démons au sein du royaume du mal.
Prisonnier de l'ombre qui l'avait consumé, Hyakuhei chassa toutes les pensées liées à la protection du cÅur du temps... Au lieu de cela, il consacra entièrement son énergie au bannissement du sceau. Ses longs cheveux noirs atteignant ses genoux et un visage appartenant uniquement aux plus séduisants dissimulaient le véritable mal caché sous cette apparence angélique.
Alors que la guerre commence entre les forces de la lumière et de l'obscurité, une lumière bleue aveuglante est émise de la statue sanctifiée, signalant que la jeune prêtresse s'est réincarnée et que le cristal a refait surface de l'autre côté.
Alors que les gardiens sont attirés par elle et deviennent ses protecteurs, la lutte entre le bien et mal commence vraiment. D'où l'entrée dans un autre monde où l'obscurité domine dans le monde de la lumière.
C'est l'une de leurs nombreuses aventures épiques...
Chapitre 1 « Amour secret »
Hyakuhei se tenait debout en observant le cÅur du temps, sachant que la prêtresse était toujours de l'autre côté, dans son monde. Ses cheveux noirs flottaient le long de son corps tel un voile sombre tandis que ses ailes s'ouvraient en grand, créant une brise sur l'herbe douce. Un léger sourire entendu se dessinait sur ses lèvres parfaites. Une lueur corrompue se formait sur le sol entourant l'autel, lui donnant une apparence sinistre.
Comme attiré par une force inconnue, il glissa vers la statue de la jeune fille qui se tenait là , tendant les mains, comme si elle lui demandait quelque chose. Son regard s'adoucit l'espace d'un instant, en souvenir de la jeune prêtresse que la statue représentait. Les gardiens pensaient donc pouvoir combiner leurs pouvoirs et l'éloigner de lui ?
Avec un mouvement furieux de la main, l'herbe brillante siffla, comme si une aura inquiétante scintillait autour d'elle, puis dissimula la tromperie du sortilège dans ses lames.
*****
Bon sang ! Où est Kyoko ? Elle était censée revenir il y a plusieurs heures, grogna Toya pour la dixième fois en trente minutes.
Il passa une main agitée dans ses reflets argentés qui se mélangeaient à ses cheveux noirs tandis qu'il regardait par la fenêtre, en direction de l'autel. à l'abri des regards, l'inquiétude se glissait dans son regard doré.
Suki leva les yeux de sa baïonnette qu'elle astiquait, un sourcil tremblant.
Toya, c'est évident que Kyoko ne va pas revenir ce soir. Quelque chose a dû arriver, donc abandonne et laisse-nous tranquille.
Elle se tourna vers Kamui qui était assis à côté d'elle.
Bon sang, est-ce que ça lui arrive de se taire ?
Kamui sourit, sachant qu'il ne valait mieux rien dire à voix haute. Ses yeux de poussière d'étoiles dissimulaient la vérité derrière la plainte de Toya. Le fait d'être le plus jeune des gardiens ne le rendait pas naïf. En années humaines, il n'avait pas d'âge, tout comme ses frères. Il savait que Toya prétendait être énervé pour cacher son inquiétude. Même lui commençait à s'inquiéter. Cela ne ressemblait pas à Kyoko de les faire attendre. Les reflets violets dans les cheveux de Kamui scintillaient tandis qu'il levait la tête vers la fenêtre, observant le ciel obscur.
Kyoko a intérêt à revenir d'ici demain matin, ou je jure que je vais aller dans son monde et la ramener de force.
Toya continuait à faire les cent pas. Il ne supportait pas de ne pas voir Kyoko pendant si longtemps. Cela faisait plusieurs jours, et il était de plus en plus en colère, de minute en minute... et inquiet.
Idiote.
Il referma sa bouche lorsque Suki haussa les sourcils en guise d'avertissement.
La grande silhouette silencieuse de Shinbe se tenait contre le mur où il était depuis une heure. Son imperméable gris bleuté bougea légèrement sous l'effet d'un mouvement agité qu'il essayait de cacher. Il en avait marre d'entendre Toya se plaindre du retard de Kyoko. Il ferma ses yeux d'améthyste pour essayer de s'empêcher de dire à Toya de se taire. Sachant que Toya ne laisserait personne tranquille avant le retour de Kyoko, Shinbe mordit sa langue pour s'empêcher d'aggraver la colère de son frère.
Comme toujours, le gardien d'améthyste essayait de rester calme en méditant, suivant ses enseignements de moine. En vérité, ses nerfs étaient tellement à vif qu'à cet instant, même la méditation ne fonctionnait pas. à ce moment-là , Shinbe sentait qu'il pouvait étrangler Toya et en sourire ce faisant. Les traits de son visage calme se resserrèrent, et il baissa la tête pour que ses cheveux bleu nuit cachent les preuves.
Lorsque Toya et les autres commencèrent à se préparer à aller dormir, Shinbe prit une couverture épaisse dans la pile qui se trouvait dans le coin de leur petit abri et se dirigea vers la solitude. Il avait juste besoin de s'éloigner de tout le monde, surtout de Toya. Shinbe cachait bien sa jalousie envers Toya, et l'amour que Kyoko ressentait pour son frère. Jour après jour, il restait avec le groupe pour être près d'elle, pour la protéger... même si ses yeux étaient toujours posés sur Toya.
Shinbe serra douloureusement les dents. Il devrait être comme ses deux autres frères, Kyou et Kotaro, et se séparer du groupe pour combattre Hyakuhei tout seul. Mais il savait qu'il devait rester avec le groupe pour la protéger. Il était l'un de ses gardiens et elle avait besoin de lui. Même Kyou et Kotaro la protégeaient de loin.
Oui, Shinbe savait qu'il cachait bien son jeu en cachant son attirance pour Kyoko. Il s'était longuement entraîné, pelotant même d'autres filles... surtout si Kyoko était à portée de voix ou de vue, ainsi elle ne découvrirait jamais son secret. Ils pensaient qu'il aimait toutes les femmes, ils ne se doutaient pas que son cÅur n'appartenait qu'à une personne, sa prêtresse.
Habituellement, il pelotait Suki, sachant qu'elle le frapperait et que la douleur calmerait ses pensées. Il était tellement lâche lorsqu'il s'agissait d'avouer ses vrais sentiments à Kyoko.
Récemment, cela devenait dur pour lui, plus difficile à cacher. Kyoko lui faisait confiance, lui souriait. Elle lui parlait, lui confiant souvent ses sentiments lorsqu'il la voyait furieuse contre Toya et ses comportements immatures. Tout cela lâanéantissait, petit à petit.
Sans réaliser où il avait mis les pieds, Shinbe leva les yeux et soupira. Il se trouvait dans les jardins de l'autel de la jeune fille. Sans même l'avoir réalisé, il voulait être plus proche d'elle. Kyoko ne reviendrait pas à travers le portail temporel aussi tard dans la nuit... donc pourquoi était-il venu ?
Fixant l'autel de la jeune fille, ses yeux d'améthyste brillaient avec le reflet de la lune. Shinbe décida que cet endroit était aussi sûr qu'un autre... dans un monde rempli de démons, du moins.
Ãtalant sa couverture sur l'herbe douce, il ne prêta pas attention à la lueur inquiétante de la zone, attribuant inconsciemment celle-ci au clair de lune. Il ferma les yeux en se couchant, attendant les rêves qui viendraient bientôt, comme toujours. Ils le hantaient, lui donnant envie d'être vu par Kyoko, non pas comme un gardien ou un allié... mais comme un homme.
*****
Kyoko grogna, luttant contre l'envie de cogner sa tête « contre un mur de briques ». Sa conscience commençait à s'affoler dans sa tête, et elle était assez éméchée pour se disputer avec elle. Elle ne voulait pas se soûler avec Tasuki et ses amis de l'université. Tout n'avait été qu'une grosse erreur, et entièrement de sa faute. Elle était allée à la fête d'Halloween comme elle l'avait promis, sachant qu'elle ne boirait rien. JAMAIS ! Ce ne fut jamais le cas.
Elle grogna contre elle-même, levant les yeux au ciel. Comment pouvait-elle savoir que l'énorme bol de fruits en boîte à côté du bol de punch avait baigné dans l'alcool pendant plusieurs jours ? Elle s'était dit que c'était censé avoir un goût de pamplemousse et en avait mangé beaucoup avant de sentir les effets de l'alcool.
Kyoko trébucha sur son propre pied, se redressant rapidement avant de tomber.
Ãa craint ! Cria-t-elle en sachant que personne ne pourrait l'entendre.
Maintenant, elle était en retard et elle savait qu'elle allait avoir de gros problèmes avec Toya. Le fait de l'imaginer en train de lui crier dessus lui donnait déjà la migraine.
Bienvenue en enfer, population... une personne, marmonna Kyoko en donnant un coup de pied dans un caillou.
Elle espérait désespéramment que Toya attendrait jusqu'au matin avant de venir la chercher. Ou mieux encore, qu'il attendrait de la voir revenir à la lumière du jour. Ivre comme elle était, elle pouvait à peine voir devant elle, et elle ne voulait pas se battre avec lui. Elle ne voulait pas non plus rentrer à la maison. Elle grogna silencieusement. Sa mère lui ferait la leçon pendant une semaine si elle découvrait qu'elle était ivre, même si cela avait été un accident.
Kyoko essayait vraiment de marcher droit. Finalement, elle vit l'autel de la jeune fille dans la clairière derrière sa maison. Fermant un Åil pour mieux voir la statue de la jeune fille, elle gloussa, puis se dit :
Oh mon Dieu, maintenant je sais que je suis ivre.
Avec un haussement d'épaules chancelant, elle fit la seule chose qui devait être fait.
Elle entra dans le sanctuaire, se dirigeant droit vers la statue de la jeune fille, et se pencha contre elle, espérant passer dans l'autre dimension en toute sécurité et à temps pour s'évanouir.
*****
Shinbe était encore une fois en train de faire un rêve érotique de Kyoko frémissant sous lui, criant son nom encore et encore, hurlant tandis qu'il la martelait de l'intérieur, fixant son visage et lui faisant oublier Toya.
Il se réveilla brusquement... son corps était en sueur. Respirant fortement, il pouvait toujours la sentir en dessous de lui, le laissant l'aimer, et elle l'avait aimé en retour. Ses cris résonnaient toujours dans ses oreilles. Son cÅur battait toujours rapidement, claquant contre ses côtes comme il claquait en elle.
Shinbe s'assit. Joignant ses mains, il les leva pour couvrir son visage. Incapable d'empêcher son cri de s'échapper, il hurla dans le silence, un hurlement plein de douleur et de rage cachées face à l'injustice de tout cela. Tout ce qu'il voulait, c'était l'aimer, et cela le dévorait lentement.
Entendant une brindille se casser, Shinbe baissa rapidement ses mains. Son regard d'améthyste analysa la zone et se posa sur les traits choqués de Kyoko. Son esprit semblait ralentir instantanément.
Non, ce n'est pas possible... pas maintenant, pas ici.
Les yeux de Kyoko étaient grands ouverts face à son cri, et sa main couvrait sa bouche.
Non... Va-t'en s'il te plaît, supplia-t-il mentalement. Tu ne peux pas être là , pas maintenant, c'est trop dangereux... Je suis trop dangereux.
Kyoko observait tandis qu'elle baissait sa main de ses lèvres, un air inquiet traversant son visage. Puis, il la vit chanceler tandis qu'elle s'avançait vers lui. Il se demandait si elle était réelle ou s'il rêvait toujours.
Kyoko essayait toujours de s'assurer qu'elle allait dans la bonne direction pour rejoindre la cabane lorsqu'elle entendit un cri presque inhumain surgir d'un endroit proche d'elle. Elle se concentra en essayant de trouver la source de ce bruit. Son cÅur s'emballait toujours à cause de la peur que ce cri avait provoqué en elle. Puis, elle remarqua Shinbe allongé sur une couverture posée sur l'herbe, tout seul. Le cri hanté devait venir de lui.
Elle voulait savoir ce qui n'allait pas. Quelqu'un avait-il été tué ? Cela devait être le cas pour qu'un tel son sorte de la bouche du gardien toujours calme, tranquille et amical. Elle essayait de rester droite tandis qu'elle s'avançait vers lui.
Shinbe grogna en observant Kyoko faire la chose la plus stupide qu'elle avait pu faire selon lui. Elle marcha droit vers lui et s'agenouilla, tendant la main pour toucher la sienne.
Shinbe, qu'est-ce que tu as ? Quelqu'un est-il blessé ?
Il pouvait entendre la peur dans sa voix. Elle pensait que quelque chose n'allait pas. Il rit presque face à la vérité de cette question, mais se ravisa. Elle ne connaissait pas son secret. Il était toujours en sécurité, il pouvait toujours lui cacher son cÅur.
Une autre vague de vertige prit Kyoko par surprise, et elle perdit l'équilibre en étant accroupie à côté de lui. Elle se pencha trop en avant, par accident, et tomba sur ses genoux. Ãtouffant un petit rire, elle se rappela que quelque chose n'allait pas avec lui et ouvrit de nouveau ses yeux en essayant de se concentrer. Tout avait l'air d'être un rêve.
Kyoko remarqua soudainement que Shinbe était torse nu. Ses muscles étaient contractés, roulés, et tendus sous ses paumes. Elle ne l'avait jamais vu torse nu avant et était impressionnée. Elle rougit, sachant qu'elle ne devait pas penser à lui de cette façon. Il était son gardien et son ami.
Essayant de dessoûler, Kyoko secoua la tête, ce qui ne l'aida pas vraiment. Elle leva lentement les yeux vers les siens. Il n'avait pas bougé d'un centimètre et ne lui avait toujours pas dit ce qui n'allait pas. Maintenant, elle aurait voulu que ce soit le cas, car l'expression de son visage commençait à l'alarmer.
Le corps de Shinbe tremblait tandis qu'il s'empêchait de la toucher. Quelque chose ayant plus de pouvoir que lui semblait le pousser, lui exigeant de tendre la main et de prendre ce qu'il voulait plus que la vie. Il allait bien, mais maintenant, elle était là , sur ses genoux, fixant ses yeux. Des yeux qui devaient être pleins de douleur, et elle voulait savoir ce qui n'allait pas.
Quelque chose n'allait vraiment pas chez lui, et il ne pouvait pas arrêter ce qui semblait échapper à son contrôle.
Je ne peux plus le supporter.
Sa voix était déchirée par la force de ses émotions si puissantes. Avec ces mots, il essayait de l'avertir, de lui dire de partir, de retourner de l'autre côté du portail temporel, là où elle serait en sécurité. De ne pas revenir avant qu'il ait pu contrôler son secret, le cacher une nouvelle fois. Tous ses sens criaient en disant que quelque chose n'allait pas, mais son esprit ne pouvait pas lutter contre cette faim intense.
Kyoko haleta, entendant ses mots mélangés à tant de douleur, et cela l'attristait. Tout le monde comptait sur lui pour avoir la tête haute, la colle qui soudait le groupe. Même elle se tournait vers lui et aimait sa présence, ressentir son calme, son humour, et son inquiétude. Mais maintenant, c'était à son tour. Il était celui qui avait besoin de réconfort.
C'était probablement à cause de la lutte contre les démons... Hyakuhei... sa malédiction. Oh mon Dieu, sa malédiction... le vide dimensionnel qui le tuerait plus tôt que prévu. Le pouvoir ultime que Hyakuhei lui avait donné, sachant qu'un jour, cela le détruirait. Elle n'avait pas oublié. Elle essayait juste de ne pas y penser, mais elle savait ce qui se passerait s'ils n'arrêtaient pas Hyakuhei.
Kyoko tendit la main vers lui, essayant d'arranger les choses et d'apaiser son esprit.
Ãa va aller, Shinbe, je suis là .
Dès l'instant où sa main toucha son visage, il reprit vie.
Il n'y avait plus aucune logique et le contrôle en béton de Shinbe se brisa. Il attrapa ses épaules et roula jusqu'à ce qu'elle ait été clouée au sol, en dessous de lui. Penché sur son corps, il avait tout ce qu'il avait toujours voulu... Kyoko. Sans aucune pensée cohérente, ses lèvres s'effondrèrent rapidement, revendiquant les siennes de manière possessive, réprimant tout le reste dans son esprit. Il avait maîtrisé ce sentiment bien trop longtemps.
Shinbe reconnaissait qu'il avait peut-être perdu le contrôle de la situation à quelques arrêts de cela. Quelque part dans son esprit, il se disait qu'elle avait le goût de l'alcool, et qu'elle en avait aussi l'odeur. Se contrôlant assez pour se relever de quelques centimètres, il la fixa, essayant de voir si c'était vrai. Analysant son visage, ses yeux, et ses joues rouges, il se demandait jalousement qui l'avait soûlée.
Kyoko savait que ce n'était pas réel. Elle ne pouvait pas être en train de fixer les yeux d'améthyste du très beau Shinbe. Il ne pouvait pas la fixer comme s'il la désirait. Kyoko se raisonnait en se disant qu'elle était probablement allongée sur l'herbe avec sa tête toujours posée contre la statue de la jeune fille. Quelque part dans ce rêve, elle pouvait même entendre Hyakuhei se moquer d'elle.
Elle aurait pu juré se souvenir d'avoir glissé de la statue de la jeune fille et de s'être endormie. Elle était probablement évanouie en faisant en rêve, et son esprit ivre avait choisi Shinbe pour la rejoindre, au lieu de Toya.
Kyoko secoua à peine la tête, se sentant étourdie, et soupira les mots :
Rêves de folie.
Puis, elle fixa les yeux passionnés de Shinbe. Ses lèvres frissonnaient toujours à cause de la force du baiser rêvé.
Shinbe abaissa de nouveau ses lèvres vers les siennes. Il en avait assez entendu. Kyoko pensait qu'elle rêvait. Shinbe espérait simplement qu'elle avait raison. Mais dans tous les cas, il ne pouvait pas s'arrêter. Il ne pouvait pas s'arrêter même s'il essayait et il lécha ses lèvres. Elle les écarta avec un petit gémissement... un bruit qui le durcissait encore plus, si c'était possible.
Il se mit à transpirer en essayant de se maîtriser tandis que son sang de gardien faisait surface. Il voulait y aller lentement tandis qu'il renforçait son baiser, l'envahissant, prenant et donnant la chaleur du baiser. Il avait toujours voulu l'embrasser comme cela, depuis toujours, apparemment.
Les muscles de ses bras fléchissaient tandis qu'il se maintenait au-dessus d'elle, faisant l'amour à ses lèvres et plus. Ses mains étaient impatientes tandis qu'elles essayaient de se débarrasser des vêtements de Kyoko. En quelques petites minutes, elle était sous lui, complètement nue. Elle ne s'était pas débattue lorsqu'il lui avait enlevé ses vêtements. Pourquoi devrait-elle ? C'était un rêve... n'est-ce pas ?
Shinbe cessa de respirer tandis qu'il la fixait tout comme elle était apparue dans son rêve il y a quelques minutes. Elle était sa prêtresse... son secret... son amour. Il glissa son corps contre le sien, aimant la sensation de sa peau soyeuse, aiguisant sa douleur et son besoin de la posséder, de lui faire l'amour.
Ãa doit être un rêve, essaya-t-il de se convaincre.
Il plongea sa tête pour se blottir contre son cou, léchant et embrassant sa peau, la goûtant gentiment et énergiquement. Il lui montrait combien il l'aimait tandis qu'il descendait le long de son corps. Cela serait la seule fois où il la verrait et la goûterait entièrement. Une forte chaleur le traversa tandis qu'elle se cambrait contre lui, gémissant lorsqu'il posa sa bouche sur sa poitrine, la léchant avec sa langue, donnant vie à son corps.
Ses souhaits se réalisaient tandis que Shinbe amenait ses baisers vers le ventre ferme de Kyoko, et elle frémissait en dessous de lui. Ses muscles firent un bond lorsqu'elle le serra contre elle, essayant de se rapprocher. Shinbe ne pouvait pas être plus proche du paradis, avec son essence l'entourant. Centimètre par centimètre, il rampait de nouveau vers le haut, sur elle.
S'installant entre ses jambes, il frissonna de désir lorsque la chaleur de son ouverture réchauffa la tête palpitante de sa virilité gonflée. Il voulait qu'elle le regardât tandis qu'il la pénétrait, même si c'était un rêve. Son corps se durcissait, se serrant autour du sien.
Ouvre tes yeux, chuchota-t-il.
Sa voix était ensorcelante, une séduction délibérée, et dès qu'elle ouvrit ses merveilleux yeux émeraudes, il se poussa en avant, s'enterrant rapidement au fond de sa chaleur, voulant lui épargner la douleur de la première fois. Un cri angoissé s'échappa de sa gorge lorsqu'il sentit son sang lui céder la place.
Son étroitesse le saisissait fortement dans sa chaleur soyeuse, l'attirant encore plus profondément. Sans son sang-froid obstiné, il aurait sauté au plafond à ce moment-là . Il serra les dents pour s'efforcer de rester tranquille, respirant fortement tandis qu'il l'observait bouger sa tête de gauche à droite, ses lèvres s'écartant sans bruit. Rapidement, il revendiqua ses lèvres avant que le cri ait pu lui échapper.
Lorsqu'il sentit qu'elle se calmait, il libéra ses lèvres. Donnant le premier à -coup, lent mais puissant et profond, il fut récompensé par les lèvres de Kyoko venant à la rencontre des siennes tandis que sa propre passion commençait à flamber. Il inhalait ses gémissements d'extase, les savourant comme les souvenirs précieux qu'ils deviendraient. Cédant à la sensation de son corps enveloppé autour du sien, il cessa de se contrôler. Il voulait lui faire l'amour de tout son être, en ne retenant rien.
Joignant ses doigts aux siens, il tira ses mains au-dessus de sa tête et les maintint contre la couverture douce. Shinbe se releva au-dessus d'elle pour voir ses expressions passionnés tandis qu'il prenait un rythme qui les poussait rapidement à bout. Des à -coups profonds et rapides se transformaient en des à -coups puissants et lents, avant de faire une pause pour se poser contre elle, puis il se retira rapidement et la pénétra brusquement une nouvelle fois.
Shinbe pouvait sentir les nombreuses fois où elle atteignait l'orgasme tandis que les spasmes tenaillaient son corps. Il pouvait les ressentir tandis qu'elle se resserrait encore plus autour de lui. Tout son corps brillait au clair de lune car il retenait sa propre libération. Cela le tuait, puis finalement, il ne pouvait plus le supporter, et sachant qu'elle atteignait de nouveau l'orgasme, il prit un rythme qui les ébranla tous les deux.
Les poussant tous les deux à bout, il donna un dernier à -coup, aussi profond que possible, et s'immobilisa, jetant sa tête en arrière. Le bruit qui lui était arraché n'était ni humain, ni immortel. C'était de la douleur et du plaisir, entre les deux, tandis que sa semence se déversait dans son corps... profonde, chaude, et en rythme avec ses battements de cÅur.
Une fois le monde de nouveau stable, Shinbe regarda Kyoko au moment où un sourire passionné se dessinait sur ses lèvres gonflées par le baiser, puis elle ferma lentement les yeux.
Sentant déjà son cÅur se briser à cause de ce qu'il avait fait, Shinbe approcha ses lèvres des siennes et leur chuchota la vérité :
Je t'aime.
*****
Plus tard, dans la nuit, Shinbe se réveilla et trouva Kyoko habillée mais endormie près de lui, sur la couverture posée sur l'herbe chatoyante.
Ne voulant pas déjà la réveiller et faire face à ses péchés, il porta silencieusement la prêtresse endormie, ainsi que le sac qu'elle transportait, et l'emmena dans la cabane où le reste du groupe dormait toujours.
Après l'avoir placée à son endroit habituel, entre le mur et Suki, il glissa lentement vers le mur opposé, ramenant ses genoux vers son torse, plus heureux et effrayé que jamais. S'il devait mourir dans les heures suivantes, il mourrait heureux.
Shinbe ferma les yeux en se demandant ce qui serait le pire, Kyoko se souvenant, ou Kyoko ne se souvenant pas. Il savait qu'il n'aimerait jamais personne d'autre, puisqu'il fallait avoir un cÅur pour aimer, et il n'en avait pas. Il l'avait déjà donné. Kyoko portait son cÅur depuis leur première rencontre.
S'il ne se faisait pas tuer par les dagues de Toya au petit matin, il savait qu'il resterait à sa place, l'aimant secrètement, et espérant qu'elle le remarquerait.
Chapitre 2 « Peurs du matin »
Shinbe se réveilla en sursaut en entendant le cri de Toya. Tous les muscles de son corps se recroquevillaient à l'idée de se transformer en kebab sous les dagues jumelles de Toya. Une fascination morbide lui faisait lentement ouvrir ses yeux d'améthyste pour voir ce qui se passait.
Tais-toi !
Kyoko cria, levant sa main et jetant le sort de domptage, puis saisit instantanément sa tête dans la panique tandis que la douleur montait en flèche dans son cerveau.
Pourquoi t'as fait ça ? Grogna Toya tandis qu'il la fixait furieusement en étant sur le sol.
Ouille.
Sa bouche formait un « o » tandis qu'elle se recroquevillait de nouveau.
Chut, ajouta-t-elle en espérant qu'il comprendrait le message.
Shinbe soupira, sachant que Kyoko avait probablement la gueule de bois, et Toya n'arrangeait pas les choses en étant aussi bruyant. Il était content qu'elle ait pu le paralyser, même s'il trouvait cela étrange de voir que le sort de domptage ne fonctionnait que sur Toya. Parfois, rien que le fait de pouvoir jeter un sort à Toya le rendait jaloux. Toya était le seul à pouvoir faire des bonds dans le temps, la suivant dans son monde, et cela n'aidait pas non plus. Dans l'esprit de Shinbe, cela ne faisait que les rapprocher.
Il se demandait silencieusement si elle se souvenait de la nuit dernière, étant donné qu'elle était ivre. Shinbe ferma les yeux, sentant ses boyaux se tordre lorsque Toya s'énerva sur Kyoko pour avoir utiliser ce sort. Jusque là , tout semblait normal. Il réfléchit de nouveau, essayant de se souvenir de tout. C'était étrange car même pour lui, la nuit dernière avait l'air d'être un rêve.
Il se rappelait qu'avant de la ramener dans la cabane, il avait utilisé un sort de protection pour dissimuler l'odeur de leurs ébats, si elle était perceptible. Il ouvrit de nouveau les yeux, sachant que se cacher ne l'aiderait pas si elle se souvenait des événements. Puis, Shinbe cessa de respirer en voyant Toya se pencher vers Kyoko, la reniflant.
Toya plissa son nez.
Kyoko, est-ce que tu sens l'alcool ?
Il s'assit en face d'elle lorsqu'il entendit son soupir douloureux mais coupable. Les mains de Kyoko couvraient toujours son visage.
Bon sang, Kyoko ? Tu étais ivre ?
Toya ne pouvait pas s'empêcher d'élever la voix, et il referma la bouche lorsqu'elle baissa brusquement ses mains et lui lança un regard meurtrier.
Toya, je suis désolée. Mais si tu ne me laisses pas tranquille immédiatement, je vais faire quelque chose qu'on va tous les deux regretter.
Kyoko plissa les yeux. Elle leva sa main comme pour lui jeter le sort de domptage une nouvelle fois, ce qui fit rapidement reculer et grogner Toya.
Shinbe ne pouvait pas s'empêcher de sourire d'un air narquois tandis que Kyoko remettait Toya à sa place. Il cacha son sourire derrière une petite toux. Parfois, ces deux-là pouvaient être si... divertissants. Une autre toux attira son attention. Se penchant pour voir derrière Toya, il pouvait voir Kamui qui avait aussi du mal à cacher son rire.
Bon sang, elle peut être très, très effrayante, parfois, se dit Toya tout en mettant ses mains dans ses manches amples, puis tourna la tête sur le côté.
Bien, tu me le diras plus tard !
Il la regarda du coin de ses yeux dorés, sachant qu'il avait dit cela un peu trop fort. Se levant d'un bond, il sortit par la porte, ne voulant pas rester dans le coin si elle essayait de le « dompter » une nouvelle fois. C'était une bonne chose que ce sort stupide n'ait pas duré longtemps, sinon il aurait été blessé.
Suki n'avait pas dit un mot tandis qu'elle observait Kyoko d'un air interrogateur. Lorsque Toya s'en alla enfin, elle se dirigea doucement vers Kyoko. Se penchant, elle chuchota :
Kyoko, je vais te chercher de l'eau fraîche, OK ? Allonge-toi et je reviens.
Elle posa doucement sa main sur l'épaule de Kyoko en secouant la tête, se demandant comment l'innocente Kyoko avait pu être ivre. Décidant qu'elle attendrait avant de demander, elle se retourna et quitta la cabane pour chercher de l'eau à son amie.
Kamui se devait de saisir l'occasion et sourit de toutes ses dents.
Kyoko, je ne peux pas croire que tu sois allée boire sans m'inviter.
Son sourire s'élargit encore plus lorsque Kyoko le regarda de travers. Sentant Kaen qui l'attendait dehors, il quitta la cabane pour rejoindre son ami enflammé.
Kyoko grogna tandis que son cÅur cognait dans sa poitrine. Elle aurait dû demander de l'aide à Suki pour regarder dans son sac à dos. Elle savait qu'elle avait quelque chose contre la douleur dedans, et si elle pouvait le trouver, elle irait sûrement mieux. Elle vit une ombre la traverser et se tourna pour voir le regard d'améthyste de Shinbe posé sur elle.
Soudain, des images de lui sur elle, faisant l'amour à ses lèvres et son corps traversèrent son esprit. C'était un rêve... n'est-ce pas ? Un rêve ivre, ouais... elle se rappelait maintenant. Gueule de bois ou pas, elle ne pouvait pas enlever ces images de sa tête et sentit ses joues devenir chaudes et rouges. Elle était heureuse car lire dans les pensées ne faisait pas partie de ses pouvoirs de gardien, contrairement à Kyou.
Kyoko, est-ce que ça va ? Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ?
Shinbe se sentait coupable en sachant qu'elle pensait que c'était un rêve, comme elle l'avait dit la nuit dernière. Mais il devait savoir si elle se souvenait de quelque chose. Au vue de la rougeur de son visage, il se disait que c'était peut-être le cas. Lorsqu'elle parla enfin, il soupira de soulagement, et de tristesse. Au fond, il avait espéré qu'elle se souviendrait, et qu'elle mettrait un terme à tout cela.
Kyoko lui sourit faiblement. Fichus rêves... Pourquoi avait-elle rêvé de lui, et pas d'un autre ? Comme si cela ne suffisait pas de rêver de lui de cette façon, elle avait rêvé de lui et s'était réveillée si proche de lui qu'elle pouvait sentir la chaleur de son corps.
Elle s'allongea soudainement, loin de cette proximité, ses yeux émeraudes grands ouverts. Il y avait quelque chose dans la manière dont il la regardait, comme s'il scrutait son âme. Ou qu'il se préparait à le peloter... avec Shinbe, personne ne pouvait être sûr. Mentalement, elle secoua la tête. « Non, ne t'aventure pas là -dedans, Kyoko, ma petite, pas maintenant ! Réfléchis, c'était quoi la question ? »
Euh... Shinbe, est-ce que tu pourrais regarder dans mon sac et trouver la boîte dans laquelle je garde mes médicaments ?
Elle reposa ses mains sur sa tête, essayant d'étouffer le bruit. « Note à moi-même... ne plus jamais, jamais aller à une fête avec Tasuki et ses copains, plus jamais. »
Shinbe fouilla dans son sac à la recherche de la boîte de médicaments. La sortant, il lui tendit. Kyoko passa accidentellement sa main sur la sienne et Shinbe ressentit un éclair soudain de chaleur traverser son corps, ce qui fit durcir une certaine partie de son corps.
« Oh, qu'est-ce qu'elle était vulnérable à cet instant, il pourrait juste... NON ! à quoi pensait-il ? Mon Dieu... ils avaient raison de le traiter de pervers. »
Essayant de reculer rapidement pour mettre une distance de sécurité, il passa accidentellement son bras sur sa cuisse.
Kyoko se recroquevilla intérieurement face à ce toucher. Pourquoi devait-il être celui qui l'aidait à cet instant ? Pourquoi Toya ne pouvait-il pas être là , la regardant furieusement et lui criant dessus ? « Ces lèvres, ces yeux, je... dois arrêter de le fixer comme ça ! » Elle détourna son regard vers la boîte de médicaments tandis qu'elle fouillait dedans, cherchant l'aspirine qu'elle gardait habituellement dedans. Les trouvant, elle leva les petites pilules.
Shinbe la fixait, hypnotisé. Elle n'avait pas encore essayé de le castrer, elle ne devait donc pas se souvenir.
Pourquoi ne pouvait-elle pas se souvenir, soupira-t-il silencieusement.
Elle le regarda de nouveau, croisant son regard qui la mit presque dans le coma l'espace d'un instant.
De l'eau ? S'il te plaît ? Tu ne sais pas combien elles sont horribles sans eau.
Shinbe était complètement troublé en l'entendant prononcer ces mots. Ses lèvres étaient si attrayantes... il pouvait juste... il se pencha... il regarda l'aspirine qu'elle tenait dans sa main. Concentration.
Oui, elles ont l'air d'être affreuses, dit-il en les regardant, même s'il ne savait pas du tout ce que c'était.
La porte s'ouvrit soudainement et il releva brusquement la tête d'un air coupable pour voir Suki et Kamui entrer avec la carafe d'eau.
Suki regarda Shinbe avec lassitude.
Qu'est-ce que tu mijotes, gardien ?
Shinbe recula en se demandant si Suki pouvait secrètement lire ses pensées ou quelque chose comme cela. Ãtrangement, elle pouvait savoir quand il se comportait mal... ou du moins y pensait.
Oh Suki, verse-moi vite de l'eau, s'il te plaît. Plus vite je prendrai ces médicaments, mieux ce sera, proposa Kyoko, sachant que Shinbe n'avait rien fait de mal.
Kyoko à la rescousse, l'acclama-t-il silencieusement.
Suki versa de l'eau dans sa tasse et commença à parler de la colère de Toya concernant le fait qu'elle ne soit pas revenue plus tôt hier après-midi.
Shinbe se pencha contre le mur, observant Kyoko, et écoutant à moitié la conversation.
⦠s'il m'avait crié dessus encore une fois, je pense que je...
Je veux te prendre dans mes bras et t'embrasser de manière insensée.
⦠ce n'est qu'une brute arrogante...
Je te veux tellement, Kyoko.
⦠et la manière dont il traite...
Shinbe gigota, se demandant combien de temps il pourrait garder son secret, maintenant qu'il l'avait revendiquée.
⦠n'est-ce pas, Shinbe ?
« Hein ? Est-ce que quelqu'un lui posait une question ? » Shinbe regarda Suki puis Kyoko tandis qu'elles attendaient toutes les deux une réponse.
Ne sachant pas du tout de quoi elles parlaient, il ne prit pas de risques.
Oui, voyons. Je pense que tu as tout à fait raison, Suki. Si vous voulez bien m'excuser, je dois parler à Toya.
Après cela, il s'enfuit rapidement par la porte.
Suki et Kyoko regardèrent la porte se fermer derrière lui, puis les deux filles gloussèrent.
Shinbe atteignit l'extérieur de la petite structure et se pencha en avant contre le mur. Il plaça ses mains sur le bois frais de chaque côté de sa tête, puis cogna son front contre les planches de bois. La douleur semblait toujours l'aider à se vider l'esprit. Ce matin, c'était lent. Après la nuit dernière, il ne pouvait plus contrôler ses sentiments. C'était bien pire qu'avant.
Il ne voulait vraiment pas peloter Suki pour se faire frapper, cela ne semblait pas correct après avoir touché le corps de Kyoko. Il avait peur de ne plus pouvoir toucher quelqu'un d'autre qu'elle sans avoir envie d'arracher sa propre main. Il avait choisi sa partenaire et elle ne le savait même pas.
Toya se tenait à quelques mètres de lui, observant son frère et sentant les ondes de culpabilité émaner de lui. L'un des avantages d'être gardien était de pouvoir sentir les choses concernant les gens autour, comme un détecteur de mensonges dans le monde de Kyoko.
Il haussa les sourcils.
Qu'est-ce que tu as fait, tu as encore peloté Suki ?
Toya regarda son frère en fronçant les sourcils, le voyant tressaillir en entendant sa voix.
Shinbe fut surpris, des yeux violet foncé posés sur Toya, puis il se releva du mur, se redressant.
NON ! Je... eh bien, tu vois...
Shinbe fronça les sourcils face à son propre bégaiement. Il se força rapidement à se calmer, se maîtrisant de nouveau.
Je restais simplement dehors pour ne pas faire de bruit et gêner Kyoko et sa gueule de bois, dit-il judicieusement, espérant que Toya en ferait de même.
Toya grogna à l'arrière de sa gorge :
Je veux toujours savoir comment elle a fini ivre. Je pense que je vais aller lui demander, tout de suite.
Il commença à le dépasser d'un air furieux, puis s'arrêta lorsque Shinbe attrapa son bras d'une main ferme. Toya se renfrogna face à la main opposée, se demandant ce que son frère croyait faire.
Shinbe vit des reflets argentés apparaître dans les yeux dorés de Toya et relâcha rapidement son bras. Il risqua d'une voix ferme :
Si j'étais toi, je n'irais pas tout de suite, sauf si tu aimes le goût du plancher.
Il cacha son sourire narquois lorsqu'il vit Toya se souvenir du sort de domptage.
Toya lança un regard soucieux à son frère avant de tourner le dos à la porte en marmonnant :
Déjà , elle ne devrait même pas se retrouver dans cet état.
Soudain, il se recroquevilla en tenant sa tête, là où Suki venait de le frapper avec son arme meurtrière tandis qu'elle sortait par la porte derrière lui.
Aïe, pourquoi tu as fait ça ?
Toya lui lança un regard furieux. Suki se figea, lui lançant un regard qui signifiait « tu sais très bien pourquoi ».
Ne sois pas si protecteur.
Elle le regarda furieusement, sachant qu'il ne lui ferait jamais de mal.
Kyoko m'a raconté ce qui s'est passé hier soir.
Shinbe commença à voir sa vie défiler devant ses yeux. Il cessa de respirer, attendant de se faire tuer par Toya.
Suki poursuivit :
Ses amis, de l'autre côté du cÅur du temps, l'ont amenée à une fête où il y avait de l'alcool.
Elle marqua une pause pour faire de l'effet.
Elle n'a rien bu. Elle a plutôt mangé plein de fruits, puis s'est rendue compte qu'ils avaient été trempés dans de l'alcool très fort.
Ses lèvres tremblaient.
Mais c'était trop tard, elle était déjà ivre.
Toya grogna et se retourna, commençant à rentrer et à lui crier dessus à cause de sa stupidité, mais reçut de nouveau un coup paralysant de la part de Suki.
Laisse-la tranquille, elle vient de se rendormir. Et je ne pense pas qu'elle sera en état d'aller quelque part aujourd'hui. Je suggère donc de la laisser se reposer. Nous pouvons chercher le talisman du cristal sans elle pour aujourd'hui.
Elle se tourna pour regarder Shinbe, se demandant pourquoi il agissait si étrangement. Habituellement, il aurait essayé de la peloter au moins dix fois avant midi.
Shinbe, est-ce que ça va ce matin ?
Elle s'approcha et fixa son visage pâle, voyant que ses yeux étaient un peu trop clairs.
Shinbe reprit vie lorsqu'il remarqua que Suki était proche de son visage. Il recula rapidement, puis comprit ce qu'elle venait de dire. Il soupira doucement, secouant la tête.
Pour être honnête avec toi, Suki, non, je ne me sens pas très bien.
Il n'avait pas besoin de faire semblant, car en étant aussi préoccupé depuis hier soir, il avait l'impression de perdre la tête.
Toya fronça le nez face à son frère.
Ouais, tu ne ressembles à rien. On devrait peut-être te laisser ici pour surveiller Kyoko.
Il plissa les yeux en regardant le gardien d'améthyste.
Mais si tu la touches, elle me le dira.
Sachant que son avertissement avait très bien été entendu, Toya se retourna vers Suki.
Est-ce que tu veux aller chercher Kamui, ou j'y vais ? L'interrogea-t-il, ne voulant pas vraiment sentir son arme au-dessus de sa tête une nouvelle fois.
Suki haussa les épaules.
J'y vais. Toi...
Elle le poussa du doigt.
⦠reste ici.
Shinbe s'étouffa de rire en essayant de se souvenir qu'il était malade. Comment avait-il réussi son coup ? En tant que gardien, Toya devrait savoir que les gardiens ne tombaient pas malades... il n'en avait jamais vu un malade, du moins. Malgré tout... l'idée de rester avec Kyoko, d'être seul avec elle tout une journée... eh bien, cette tentation était trop forte.
Shinbe observa Toya regarder le dos de Suki d'un air furieux tandis qu'elle allait chercher Kamui, mais il resta dehors. En quelques minutes, Kaen les rejoignit, jetant un regard furtif à Kyoko à travers la porte. Shinbe savait que Kaen surveillerait Kamui s'ils avaient des problèmes. Un gardien pour un gardien, il s'était souvent moqué de son petit frère.
Shinbe observa le groupe jusqu'à ce qu'il ait été hors de vue. Il sentait son corps et son esprit se détendre pour la première fois depuis ce matin. Avec un soupir, il se retourna et rentra de nouveau dans la cabane où Kyoko dormait.
Kyoko s'agitait dans son demi-sommeil, son esprit se remémorant la nuit dernière. à la fête, essayant de passer le peu de temps qu'elle avait avec Tasuki. Il lui manquait vraiment car ce monde lui prenait énormément de temps. Elle était tellement concentrée sur lui qu'elle n'avait même pas remarqué que les fruits n'étaient pas normaux, avant qu'il ait été trop tard. Elle fit la moue, se demandant si Tasuki était au courant depuis le début.
Elle ne se souvenait pas bien de son retour à l'autel de la jeune fille ou ici, dans la cabane, d'ailleurs. Mais elle se souvenait un peu du rêve qu'elle avait fait... Shinbe. Kyoko se réveillait et se rendormait, ses pensées continuaient à défiler comme si elles se fichaient de savoir si elle était réveillée ou non.
Elle avait toujours aimé Shinbe car, dans leur petit groupe, il était le gardien le plus marrant. Il pouvait toujours la faire rire sans même essayer. Cependant, il n'était pas du genre à se poser avec une seule femme. De toute évidence, il avait des problèmes. Mais récemment, elle avait commencé à le voir sous un autre jour.
Kyoko se retourna dans son sommeil. Ce n'était pas juste. Elle aimait profondément Toya, mais il lui donnait rarement l'impression que c'était réciproque. Shinbe, d'un autre côté, était différent. Lorsque Toya lui criait dessus pour pas grand chose, Shinbe essayait toujours de l'aider à aller mieux.
Plus Toya agissait méchamment, plus Shinbe devenait doux, mais il faisait comme si ce n'était que de l'amitié. Parfois, elle s'interrogeait sur lui, et c'était probablement ce qui l'avait conduite à faire ces rêves. Jusqu'à la nuit dernière, ses rêves étaient restés dans la limite du raisonnable. Le rêve d'hier soir avait été hors de contrôle.
Elle savait que Toya l'aimait à sa façon, et mourrait probablement pour elle, mais il refusait de lui montrer ses vrais sentiments. Elle savait que le fait de se fâcher si facilement et de lui donner des ordres lui permettait de cacher son envie de prendre soin d'elle.
Parfois, il cachait ses sentiments tellement bien qu'elle le croyait presque. Malgré tout, elle se retrouvait à comparer les deux hommes. Elle était toujours avec Shinbe et Toya, et les deux gardiens avaient leurs bons et mauvais côtés.
Lorsqu'elle rêvait de Toya l'embrassant, c'était toujours doux et gentil, ça ne chauffait que de temps en temps. Avec Shinbe, c'était différent. Très différent. Elle avait vraiment l'impression d'être une femme en rêvant de Shinbe. Dans ces rêves, il l'embrassait à des endroits inimaginables, et faisait des choses à son corps auxquelles elle n'avait jamais pensé, et cela faisait du bien.
Elle soupira dans son sommeil. Mais ce n'était que rêves... Kyoko se mit en boule et frissonna en se remémorant le rêve d'hier soir. Son corps tremblant sous le sien tandis qu'il lui faisait l'amour d'une manière très passionnée... elle gémit face à ce souvenir. Rêver de Shinbe comme cela lui donnait presque l'impression de tromper Toya.
Non ! Se dit-elle, Toya n'a jamais été mon petit ami. Donc je n'en ai pas, et tant que ça reste dans esprit, je peux penser ce que je veux... y compris dans mes rêves.
Le rêve avait été si stimulant qu'en se réveillant, elle eut l'impression de fondre. Lorsqu'elle le vit assis près du mur, comme si de rien n'était, cela confirmait que ce n'était qu'un rêve. Qu'est-ce qui se passait dans sa tête ? Elle devait se ressaisir. Shinbe ne pourrait jamais aimé une petite fille inexpérimentée telle qu'elle. De toute évidence, c'était un homme du monde, qui avait probablement conquis plus de femmes en une nuit qu'elle pourrait en compter sur ses doigts. Elle referma ses yeux, refusant de penser autre chose.
Shinbe était revenu dans la cabane, détendu et calme... jusqu'à ce que son regard se soit posé sur sa silhouette endormie. Son corps entier se figea et il resta là , à l'observer quelques minutes. Il la vit frissonner, allongée sur le matelas peu épais. Pourquoi n'avait-elle plus la couverture qu'il avait mise sur elle la nuit dernière ? Il jeta un coup dâÅil dans la pièce pour voir où elle avait poussé la couverture en s'occupant de Toya.
Il s'approcha silencieusement et la couvrit avec la couverture épaisse, puis resta à ses côtés tandis qu'elle poursuivait son sommeil agité. Pourquoi devait-il se sentir comme cela ? Il soupira en s'asseyant, se posant contre le mur, l'observant. Il connaissait la réponse. Shinbe, le type que personne ne prenait au sérieux concernant les femmes, était tombé amoureux d'une fille d'un autre temps.
Il la fixa longuement, puis retroussa ses lèvres. Elle allait le tuer en comprenant que ce n'était pas un rêve. Toya allait aussi le tuer. Pouvait-il mourir deux fois pour un tel crime ?
Baissant les épaules, Shinbe soupira de nouveau, ouais... à propos de Toya. Kyoko était amoureuse de son frère coléreux. Il pouvait sentir la culpabilité grimper le long de son dos. Pourquoi devait-elle être amoureuse de celui qui ne la traiterait jamais bien ? Il l'aimerait de tout son être. Et même s'il avait une petite malédiction sur lui. Cela ne devrait pas être trop étrange. Après tout, Kyoko leur avait parlé de son grand-père et de sa croyance concernant les malédictions et les démons. Bon sang, Toya.
Kyoko murmurait dans son sommeil. Il leva les yeux et vit qu'elle s'était retournée, lui tournant le dos. La couverture qu'il avait mise sur elle avait glissé. La petite jupe qu'elle portait était remontée, montrant son atout le plus précieux. Un frisson traversa son corps. Super... tentant.
Il tendit la main pour caresser un peu plus le doux vêtement blanc qui gênait sa vue. Il serra les dents, retirant sa main avant d'entrer en contact avec. Ah, si proche. Mais la mort aussi, et j'aimerais vivre un peu plus longtemps. Il rit en grognant, tout en mettant ses mains dans son manteau. Il devait surveiller ses actes dès maintenant, ou sa vie pourrait prendre fin plus vite que prévu.
Il lui dirait la vérité en un instant si elle n'était pas amoureuse de son frère. Il savait qu'il n'était pas le seul à l'aimer. Elle était leur prêtresse, et ils la protégeaient de leurs vies. Tous ses frères l'aimaient profondément, chacun à sa manière. Mais Toya était différent. Toya n'aimait jamais personne. Shinbe en avait été témoin. Toya était profondément amoureux de Kyoko, même s'il ne voulait pas le reconnaître.
Shinbe ferma les yeux, les sentant brûler. Il n'avait aucun droit d'aimer Kyoko, ou qui que ce soit d'autre, d'ailleurs. Il avait le pouvoir de tous les sauver au combat. Tout ce qu'il avait à faire, c'était de lancer le sort du temps, et il pourrait créer un vide qui avalerait tout sur son chemin. C'était son plus grand pouvoir, et son pire ennemi. à chaque fois qu'il utilisait ce sort dangereux, il pouvait voir qu'il devenait plus puissant.
Tout le monde lui avait dit de ne pas l'utiliser à moins de ne pas avoir le choix, car un jour, il deviendrait si puissant qu'il ne pourrait plus le gérer, et se retournerait contre lui. Le sort était un cadeau de son oncle... le même oncle qui était l'ennemi. Au début, il pensait que c'était un très bon cadeau, mais maintenant, il comprenait que ce n'en était pas un du tout. C'était une malédiction. Une malédiction qu'il utiliserait pour détruire celui qui lui avait donnée... même s'il devait en perdre la vie.
Shinbe bailla. Il n'avait presque pas dormi la nuit dernière, ni avant, ni après le retour de Kyoko. Il avait passé presque toute la soirée à écouter Toya fulminer car elle n'était pas revenue à travers le cÅur du temps avant la nuit, comme promis.
Au début, Shinbe avait peur qu'elle ait été en colère contre Toya car elle ne revenait pas. Elle avait crié sur Toya avant de partir car il avait essayé de l'empêcher de retourner dans son temps. Toya s'était même tenu devant elle, lui barrant la route vers l'autel de la jeune fille. Au final, elle lui avait lancé ce sort de nombreuses fois, tellement de fois que Shinbe ne pouvait plus compter. Mais elle avait promis de revenir avant la nuit le jour suivant.
Shinbe sourit d'un air narquois en se souvenant de combien Toya avait lutté contre ce sort, jurant pendant tout ce temps sur ce qu'il allait faire à Kyoko lorsqu'il pourrait bouger.
Son regard parcourut la silhouette de Kyoko. C'était la raison pour laquelle il la trouvait si irrésistible. Elle pouvait être en colère contre Toya un instant, puis l'aimer la minute d'après. Elle n'était pas rancunière, peu importe combien il la blessait.
à leur première rencontre, Toya avait essayé de la tuer. Maintenant, les choses avaient changées, tout le monde savait que Toya l'aimait à en mourir, il mourrait même pour elle. Malgré tout, il faisait semblant de ne pas la supporter et cela blessait Kyoko. C'était juste sa manière de cacher son cÅur.
Shinbe plaça ses doigts sur l'arête de son nez, essayant de se calmer. Honnêtement, il avait de la peine pour Toya, et il ne voulait pas lui faire de mal. Toya avait une chance avec Kyoko mais l'ignorait, tout simplement.
Il aurait tout fait pour avoir une chance comme cela. Il la traiterait comme une reine, si seulement elle le laissait faire. C'était la raison pour laquelle il avait perdu la tête hier soir. En vérité, il avait tout simplement craqué la nuit dernière. Maintenant, après cette nuit... Shinbe ferma les yeux. Peut-être qu'elle était mieux avec Toya, après avoir trahi son innocence d'une telle manière.
Shinbe sursauta lorsque Kyoko se retourna une fois de plus dans son sommeil, montrant un peu plus sa cuisse. Il fixa sa peau crémeuse, ses mains s'agitant sous son manteau. Pourquoi avait-elle une peau si belle ? Il commençait à s'endormir tandis qu'il observait le sommeil agité de Kyoko, puis rampa lentement sur le sol, sans jamais détourner le regard de l'arrière de la tête de Kyoko. Il savait que s'il s'approchait encore plus, elle allait se réveiller, se retourner, et lui mettre une gifle.
Tout allait bien jusque là . Il se pencha vers sa silhouette immobile pour fixer son visage. Shinbe sourit. Elle sentait toujours l'alcool.
Ãa ne m'a pas gêné hier soir, sourit-il.
Une mèche rebelle couleur auburn s'accrocha à son épaule. Il tendit la main gentiment et la glissa sur le côté en soufflant doucement avant de s'allonger derrière elle, se blottissant dans ses cheveux soyeux. Il n'osait pas s'approcher encore plus par peur de mourir, mais pendant qu'elle dormait, il pouvait au moins lui offrir du réconfort. Il se raisonnait.
Si elle se réveillait et le trouvait là , il dirait simplement qu'il était fatigué, et que c'était le seul endroit où s'allonger... tout en gardant un Åil sur elle. Il se ferait gifler sans problème pour cela. Cela en vaudrait la peine, s'allonger à ses côtés et se reposer quelques heures. Il était trop épuisé pour penser aux conséquences tandis que ses yeux se fermaient. Il était là où il voulait être et se fichait des conséquences.
Kyoko gémit d'un air endormi et se retourna en sentant une poche de chaleur. Elle plaça ses mains sous son menton et se blottit contre celle-ci. Lorsqu'elle pencha sa tête et se heurta à quelque chose de dur, elle soupira en se disant qu'elle était probablement en train de rêver. Voulant en être sûre, elle plaça l'une de ses mains contre la chaleur.
Ouais, très dur. Elle se blottit un peu plus dans son rêve, et dans celui-ci, la chaleur enveloppait sa taille. Elle sentait l'odeur du thé au jasmin et une odeur boisée et terreuse.
Pourquoi je n'arrête pas de penser à lui ? Il sentait si bon.
Elle se rappela du moment où il l'avait tenue dans ses bras pour la toute première fois. Il pensait qu'il la sauvait. Elle sourit dans son sommeil, il était si fort, et son intérêt pour son bien-être était si mignon, même si ses motivations n'étaient pas très honnêtes. C'était la première fois qu'elle remarquait combien il sentait bon.
Elle frissonna face à ce souvenir, et l'objet chaud se resserra autour de sa taille. Lentement, elle enveloppa son bras autour de la chaleur, puis se figea en entendant le froissement bien distinct du tissu.
Quoi ? Un froissement de tissu ? Les rêves se froissaient-ils comme des vêtements ?
Kyoko était soudainement bien réveillée. Lentement, elle ouvrit à peine un Åil pour regarder avec confusion le manteau gris bleuté que ses mains entrelaçaient. Et elle... se releva telle une fusée, repoussant son bras avec un bruit sourd. Et il, il... gémit et se retourna sur le dos.
Kyoko était terrassée par la panique, regardant de gauche à droite. Il n'y avait personne d'autre et ce n'était certainement pas un rêve. Shinbe dormait sur son matelas. Elle devait réfléchir. Quoi, qu'est-ce qui se passait ? Elle le fixa, complètement pétrifiée.
C'était juste un rêve, n'est-ce pas ? Reprends-toi, Kyoko, se dit-elle frénétiquement. Où était Toya ? Suki ? Kamui ? Kaen ? Où est-ce qu'ils étaient partis ?
Son âme quitta presque son corps lorsque Shinbe gémit dans son sommeil et mit ses mains dans son imperméable. En sursautant, elle avait pris la couverture avec elle. Kyoko cligna des yeux, puis rougit d'un air coupable. Il avait froid. Elle aussi avait froid, maintenant qu'elle se tenait debout. Elle se rappelait qu'elle avait vraiment eu froid en essayant de dormir.
Ãtait-ce la raison pour laquelle il s'était allongé à côté d'elle ? Pour la réchauffer ? Elle rougit encore plus. « Oh, c'est si mignon .» Elle secoua la tête de gauche à droite. « Non, non, non ! à quoi est-ce que je pense ? Pas mignon, pas mignon. » Elle soupira, lui souriant doucement. « J'abandonne. »
Elle se pencha lentement et prudemment, saisissant la couverture, puis se figea lorsqu'il bougea soudainement dans son sommeil. Elle se releva, attendant de voir s'il allait se réveiller. Il ne se réveilla pas. Elle jeta donc rapidement la couverture sur sa silhouette endormie, attrapa son sac, puis prit ses jambes à son cou en direction de la porte.
Shinbe ouvrit un Åil en l'observant fuir. Une fois hors de vue, il rit intérieurement. « Un autre sauvetage chanceux. » Puis il fronça les sourcils en se demandant pourquoi il n'avait pas une marque sur la joue... ou une fissure dans le crâne. Il se leva lentement et compta jusqu'à dix, puis partit à son tour pour voir où Kyoko était partie.
Une fois dehors, Kyoko se pencha contre un arbre à proximité, réalisant qu'elle aurait probablement dû rester au lit. Son cÅur cognait dans sa poitrine et son corps était entièrement douloureux. Elle se pencha pour masser ses jambes. Elle se souvenait avoir dansé avec Tasuki hier soir, après avoir mangé les fruits imbibés, mais elle avait plutôt l'impression d'avoir été heurtée par un camion. Un bon bain chaud dans les sources chaudes apaiserait les crampes musculaires.
Elle nota dans sa tête de ne plus jamais manger de fruits à une fête. Puis, une pensée la frappa. Toya remarquera l'odeur de Shinbe sur ses vêtements. Ah ! La dernière chose qu'elle souhaitait, c'était de causer des problèmes à Shinbe alors qu'il n'avait rien fait. Elle tituba en s'éloignant de la cabane, grognant contre la gueule de bois persistante, mais déterminée à laver sa douleur, ainsi que ses vêtements.
*****
Toya grogna au fond de sa gorge tandis qu'il inspectait le village dans lequel ils se trouvaient. Il serra les dents, sachant qu'il était trop tard. Le village était en ruines. Peu importe ce qu'ils avaient fait récemment, ils avaient toujours un train de retard par rapport à Hyakuhei et ses démons. Il se renfrogna, cherchant des survivants dans le village.
Il devait sûrement y avoir un morceau du talisman caché ici pour prendre la peine de détruire tout le village.
Les yeux dorés de Toya s'assombrirent avec inquiétude.
On doit les aider, chuchota Suki en entrant dans le village avec Kamui.
Elle se pencha pour aider un enfant assis qui pleurait, il semblait perdu et seul.
Toya ferma les yeux l'espace d'un instant face à cette scène familière tandis que son sang bouillonnait. Il savait que Hyakuhei détenait presque toutes les pièces du talisman et se fichait de blesser des gens pour obtenir le reste. Après tout, Hyakuhei avait même tué son propre frère. Maintenant, les gardiens essayaient de protéger Kyoko de ce même meurtrier.
Si Hyakuhei réussissait à collecter toutes les pièces du cristal, il serait capable d'entrer dans le monde de Kyoko et d'emmener plusieurs démons avec lui. Ils ne pouvaient pas laisser cela arriver. Il sentait des frissons dans son dos et savait que quelque chose n'allait pas.
« Kyoko », ce mot résonnait dans son esprit comme un avertissement.
Vous deux, restez-là et aidez-les. Je dois aller voir Kyoko, maintenant ! Cria Toya en retournant rapidement sur ses pas.
Il savait que quelque chose n'allait pas... il pouvait le sentir dans son âme. Il n'aurait jamais dû la laisser sans protection, pas avec les apparitions de démons de Hyakuhei. Il ne pouvait pas se débarrasser de la peur de perdre l'autre moitié de son cÅur.
- Je ne le laisserai pas te toucher, promit Toya dans sa course effrénée pour rejoindre Kyoko avant le danger.
Chapitre 3 « Baiser de jalousie »
Kyoko se dirigea vers les sources chaudes. Elle était fatiguée, agacée, et était pressée de se détendre dans l'eau chaude. Elle trébucha sur une pierre et se demanda si plusieurs semaines seraient nécessaires pour retrouver son équilibre, après avoir été ivre une seule fois.
Bon sang... Zut, maintenant je ressemble à Toya, se dit-elle en gloussant.
Shinbe la suivait silencieusement, passant la tête derrière les arbres de temps en temps. Il devait étouffer le rire qui menaçait de s'échapper lorsqu'il entendit son commentaire sur le fait de ressembler à Toya. C'était bon de voir qu'il n'était pas le seul du groupe à parler tout seul. S'il était fou, alors ils faisaient un beau couple. Il restait assez loin pour la laisser mettre de la distance entre eux.
Arrivant enfin aux sources chaudes isolées, Kyoko fouilla dans son sac. Trouvant ce qu'elle cherchait, elle disposa ses affaires de bain près de l'eau. Elle se déshabilla rapidement, calmant son corps douloureux dans l'eau chaude. « Hum, ça fait du bien. » Elle ferma les yeux et frotta ses jambes, essayant de calmer l'oppression qui mettait du temps à partir. Finalement satisfaite, elle s'allongea dans l'eau et se détendit complètement.
Shinbe s'appuya contre un arbre tandis qu'il observait avec fascination son rituel quotidien. Elle était gracieuse et pure... il se sentait de nouveau coupable face à ses actions. Il tourna le dos à la scène et plaça sa main sur son cÅur, là où la douleur semblait se resserrer.
Il ne devrait pas être là ... il n'était pas un homme bon. Elle allait le détester en réalisant ce qu'il lui avait fait. Il fronça les sourcils tandis que le poids sur ses épaules devenait plus lourd. Malgré tout, il ne pouvait pas s'empêcher de se retourner et de la fixer avec envie. Il soupira longuement tout en l'observant se baigner.
C'est tellement mieux que la petite baignoire à la maison dans le monde moderne.
Kyoko brisa le silence tandis qu'elle regardait autour d'elle. Cela ressemblait plus à une piscine cachée. Cet endroit était si paisible et isolé. Les arbres et les petits arbustes entouraient les sources chaudes, lui donnant de l'intimité. Le rebord en pierre sur le côté serait bien pour bronzer, se dit-elle par hasard en souriant. Elle fredonna gaiement tout en flottant sur l'eau.
Après avoir flotté un moment, elle décida qu'il était temps de se laver. Elle savonna ses cheveux puis plongea sous l'eau pour se rincer, puis remonta brusquement à la surface pour remettre plus de produit sur ses cheveux et refaire la même chose. Puis, avant de sortir, elle prit le temps de nettoyer ses vêtements, espérant que le soleil les sécherait rapidement.
S'approchant, Shinbe observait attentivement en se cachant derrière un buisson à quelques mètres. Il embrassait du regard les formes de son corps. Mon Dieu, elle était belle... comme une déesse émergeant de l'eau. Elle noua un tissu autour de son torse avant de faire la même chose avec ses cheveux, puis sécha très lentement son corps.
Il l'avait regardé se baigner de nombreuses fois par le passé, mais n'avait jamais pu rester dans le coin assez longtemps pour profiter de ce moment. Habituellement, quelqu'un venait le chercher avant qu'elle ait eu le temps de finir. Il soupira tandis qu'elle laissait tomber le tissu le long de ses longues jambes. La douleur lui faisait serrer les dents tandis qu'elle mettait des vêtements qui couvraient ses atouts les plus précieux. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour ne pas s'approcher d'elle.
Soudain, un craquement se fit entendre de l'autre côté des sources chaudes. Shinbe l'avait entendu, tout comme Kyoko car elle s'était figée sur place. Ils tendaient tous les deux l'oreille de manière attentive, essayant d'entendre d'autres bruits. Une autre brindille craqua mais cette fois, cela venait d'un buisson plus proche de Kyoko. Il observait avec effroi tandis que Kyoko se dirigeait droit vers un grand arbuste, tenant sa serviette devant elle comme un bouclier, puis cria :
OK, Shinbe ! Je sais que c'est toi ! Sors... pour que je puisse te gifler !
Kyoko attendait, examinant l'arbuste avec lassitude. Shinbe était un voyeur notoire. Elle haussa les sourcils avec agacement, et il était le seul aux alentours donc... Le buisson remua doucement.
Je sais que tu es là , et quand Toya découvrira que tu m'espionnes, il te tuera probablement. Sans oublier Suki, je suis sûre que ça ne la gênera pas de te frapper.
L'arbuste remua de nouveau et une longue jambe noire et pointue sortit des branches emmêlées.
Qu'est-ce que...
Kyoko se retourna pour s'enfuir tandis qu'un très gros scorpion démoniaque s'extirpait de la végétation. Elle courut vers ses vêtements, là où elle avait laissé son arbalète dans le sac.
Kyoko ! Baisse-toi !
Shinbe sortit des buissons opposés en brandissant un grand bâton comme une lance. Il le lança sur le démon. Le démon aux yeux rouges le vit arriver et fit volte-face, bloquant l'arme pointue, et l'envoya voler dans les airs. Il atterrit aux pieds de Kyoko, au moment où elle se penchait pour ramasser son arbalète. Son sourcil trembla tandis qu'elle réalisait que le bâton l'avait presque frappée.
Shinbe courut vers elle, se penchant pour ramasser le bâton. Il regarda Kyoko en sourcillant et en lui souriant bizarrement.
Eh bien Kyoko, je trouve que tu n'es pas très habillée pour combattre un démon.
Son sourire s'élargit face à l'expression de son visage. Puis, son expression devint horrifiée.
Sentant des frissons dans son dos, Shinbe se retourna, balançant largement son bâton de fortune tandis que le démon scorpion bondissait sur eux. Il avait réussi à taper l'une des jambes poilues, mais l'autre le frappa sur le côté, le faisant tomber loin de Kyoko. Le sang de Shinbe se gela tandis que le scorpion mortel s'approchait de la prêtresse.
Il savait que la créature possédée par un démon pouvait sentir le pouvoir en elle. Sachant qu'il devait réagir rapidement, il utilisa ses pouvoirs télékinétiques pour soulever une assez grosse pierre, puis la lança aussi fortement que possible, souriant d'un air narquois tandis qu'elle frappait la tête du démon.
Le démon hurla et tourna la tête pour jeter un regard furieux au gardien blessé. Shinbe était allongé sur le sol, luttant pour se relever tandis que le démon revenait vers lui. Il roula juste à temps pour braquer le bout pointu du bâton vers le haut tandis que le démon s'effondrait sur lui. Les yeux d'améthyste de Shinbe brillaient tandis qu'il chuchotait un sort pour adoucir la chair ferme du monstre.
Kyoko cria le nom de Shinbe dans la panique tandis qu'elle observait le démon l'assaillir. Tout était arrivé si rapidement qu'elle n'avait pas eu le temps de cligner des yeux. Le démon s'était jeté sur lui, et l'instant d'après, l'extrémité du bâton sortait de son dos tandis que du sang noir suintait sur le sol. Elle observait la scène tandis que le scorpion possédé tremblait avant de devenir mou et de tomber lourdement sur Shinbe.
Shinbe ! Cria Kyoko dans la panique.
Elle courut vers lui en voyant le sang se répandre sur la terre autour d'eux à une vitesse alarmante. Elle se recroquevilla intérieurement en espérant que ce sang ne provenait pas de son gardien, mais c'était difficile à dire avec la silhouette surdimensionnée qui recouvrait tout sauf un côté du visage de Shinbe. Ses yeux étaient fermés et l'espace d'un instant, le cÅur de Kyoko cessa de battre tandis que la peur se répandait en elle.
Shinbe pouvait le sentir, Kyoko était toujours terrifiée, et il devait détruire la chose qui la mettait dans cet état. Avec un frisson pour lutter contre la douleur, il ouvrit les yeux et la vit le fixer, pâle comme un fantôme. Son cÅur battait vite tandis qu'il réalisait qu'elle avait peur pour lui. Il pouvait sentir la chaleur dans ses veines tandis qu'elle se détendait en voyant qu'il était vivant.
Shinbe dit d'une voix rauque :
Kyoko, s'il te plaît. Aide-moi... à l'enlever.
Il s'efforcer de pousser le cadavre de la bête, mais ses bras étaient coincés entre celui-ci et son propre corps. Même possédé, le démon écervelé ne devrait pas peser autant et n'aurait pas dû mener un tel combat. Ses yeux se plissèrent en sentant un morceau brisé du cristal si proche de lui.
Kyoko, il utilise le pouvoir d'un talisman... Trouve-le.
Kyoko cessa de pousser la créature gigantesque l'espace d'un instant, essayant de concentrer son pouvoir pour analyser le corps de la bête. Lorsque le cristal du cÅur du gardien s'était brisé et était tombé dans le royaume des démons, il avait envoyé des démons de toutes tailles dans une frénésie, à la recherche des éclats puissants. Avant, cela devait être un petit scorpion... jusqu'à ce qu'il ait été assez chanceux pour se faire posséder par un démon, pour au final tomber sur l'une des pièces manquantes et obtenir une sacrée augmentation de pouvoir.
LÃ !
Elle haleta en remarquant un petit éclat bleu électrique sortant de son cou. Réprimant ses haut-le-cÅur, Kyoko regarda dans sa bouche encore ouverte. Faisant la grimace, elle tendit la main et attrapa le cristal, observant tandis que la taille du scorpion commençait à diminuer automatiquement. Rapidement, elle poussa et la créature glissa sur le côté, assez pour que Shinbe se soit libéré, puis la bête devint plus petite que la taille de la main de Kyoko.
Kyoko regarda Shinbe, ses longs cheveux bleu nuit cachant son visage, mais elle pouvait voir par ses mouvements qu'il essayait de reprendre son souffle. Son regard parcourait son corps à la recherche de blessures. Son flanc saignait abondamment, là où le démon l'avait violemment frappé avec sa patte pointue. Elle regarda autour d'elle à l'aveuglette, à la recherche de quelque chose pouvant stopper le saignement. Puis, elle courut vers sa serviette, sachant qu'il serait bon de l'appuyer contre la blessure.
Shinbe s'assit en regardant le petit insecte mort d'un air dégoûté. Avec une main posée sur sa blessure, il tourna son attention vers Kyoko et l'observa silencieusement tandis qu'elle courait vers la serviette qu'elle avait jetée dans la hâte. Son regard parcourait son corps, oubliant totalement la douleur qu'il ressentait.
Elle a oublié qu'elle était presque nue, se dit-il. Eh bien, je ne vais pas lui rappeler.
Il essayait de rester calme tandis qu'elle revenait avec la serviette.
Kyoko s'assit à côté de Shinbe, tirant sur son imperméable, essayant de voir la blessure.
Shinbe, est-ce que tu penses pouvoir enlever ça, demanda-t-elle en pointant du doigt le vêtement. Je dois voir d'où vient tout ce sang.
Sa voix était toujours haletante et douce à ses oreilles, presque séduisante. Il était tellement déconcerté par combien elle tenait à lui qu'il oublia de fantasmer sur elle lui demandant d'enlever ses vêtements.
Shinbe retira son manteau semblable à une robe et enleva la chemise bleu glacé en dessous. Elle tomba de ses épaules et glissa le long de ses bras pour tomber dans la piscine autour de lui, découvrant les muscles de son torse et de son ventre, ainsi que l'entaille sur sa hanche. Il tendit la main et descendit son pantalon de quelques centimètres pour lui permettre de mieux voir, mais garda son bras sur sa cuisse pour cacher la preuve de son érection.
Kyoko déglutit tandis qu'elle essayait de rester concentrée sur la blessure, au lieu de ce qu'il y avait autour. Plaçant une main sur la peau nue de Shinbe pour se stabiliser, elle appuya fermement le tissu blanc contre la blessure, l'observant devenir pourpre. Elle sentait ses muscles bondir sous sa paume et cela envoyait de la chaleur dans son bras. Ses yeux émeraudes étonnés se posèrent rapidement sur les siens, fixant son regard d'améthyste.
Il remarqua le rouge qui se répandait sur ses joues tandis qu'ils se fixaient, puis s'émerveilla, sentant sa propre chair chauffer, là où sa main douce le touchait.
Kyoko, est-ce que ça va ?
Il l'observa hocher la tête faiblement tandis qu'elle détournait son regard vers la serviette, la retirant gentiment pour voir si le saignement avait cessé. Voyant que c'était le cas, elle alla nettoyer le chiffon pour pouvoir enlever le reste du sang sur lui.
Shinbe baissa les yeux, se disant :
Ce n'est pas étonnant, tout le sang s'est dirigé vers un autre endroit.
Il soupira, se débarrassant rapidement de cette pensée tandis qu'elle revenait et s'agenouillait au-dessus de lui, lui donnant une belle vue sur sa poitrine vêtue d'un soutien-gorge. Son regard sombre d'améthyste se posa de nouveau sur son visage. Il savait qu'elle devait s'habiller pour qu'il puisse garder sa dignité.
Kyoko nettoyait lentement le sang sur sa peau, s'assurant d'être très, très délicate lorsqu'elle l'entendit prononcer son nom d'une voix rauque et tendue. Elle cessa de bouger et leva la tête vers la sienne. Ses yeux brillaient presque et à cet instant, il semblait bien plus grand que la vie. Son regard descendit lentement vers ses lèvres tandis qu'aucun d'eux ne parlait.
Shinbe regarda ses lèvres s'écarter, et son corps bougea de lui-même tandis qu'il réduisait la distance entre eux. Il passa ses lèvres sur les siennes en lui donnant un baiser léger comme une plume, c'était le calme avant la tempête... son souffle réchauffait sa joue. Puis, un flou rouge et noir rugissant le cogna tandis que la douleur de la blessure que ses pouvoirs de gardien commençaient à soigner s'intensifiait.
Shinbe fut traîné en arrière et jeté sur le sol par un Toya très furieux, qui se tenait maintenant au-dessus de lui, pointant l'une de ses dagues jumelles vers sa gorge.
Qu'est-ce que tu crois faire en embrassant Kyoko, salaud ? Cria Toya en tremblant de rage.
Voir Shinbe embrasser Kyoko resterait ancré dans sa rétine.
Je t'ai laissé t'occuper d'elle et tu décides de l'agresser ? Hurla-t-il, furieux.
Les yeux d'améthyste de Shinbe prirent une teinte violet foncé.
Kyoko se plaça entre eux, son dos tourné vers Shinbe comme pour le protéger. Regardant Toya d'un air furieux, elle exigea :
Ne t'avise pas de faire ça !
Elle écarta les bras en prenant une position protectrice.
Ce n'est pas ce que tu crois, Toya.
Toya baissa sa dague en grondant :
Oh vraiment, alors pourquoi es-tu nue ?
Ses yeux argentés parcoururent sa peau nue pour argumenter.
Le monde de Kyoko s'écroula sur elle, et elle savait que les dieux se moquaient tandis qu'elle se figeait sur place. Tout d'un coup, elle sentait la brise sur sa peau nue, et pouvait sentir le regard de Toya chauffer sa peau tout aussi rapidement. Laissant tomber ses bras sur ses flancs, son regard cherchait ses vêtements, voyant qu'ils étaient à présent secs et posés sur la pierre à côté.
Reposant brusquement son regard sur Toya, elle siffla :
On m'a attaquée et Shinbe m'a sauvé la vie. Je l'aidais car il s'est blessé en me protégeant, et alors ? Je l'ai embrassé, et après. C'était un remerciement !
Elle essaya de se déplacer pour se diriger vers ses vêtements, mais changea d'avis lorsque Toya pointa de nouveau sa dague vers la gorge de Shinbe.
Tu lui as demandé un baiser pour l'avoir sauvée ? Foutu pervers ! Grogna Toya en étant encore plus furieux contre le gardien.
Puis, en bondissant rapidement, il attrapa le bras de Kyoko, la tirant derrière lui et hors de la vue de son frère.
La colère traversa le regard de Shinbe face à la manière dont Toya traitait Kyoko.
Range la lame, Toya.
Les mots de Shinbe commençaient à se glacer tandis qu'il se levait en balayant du revers de la main son pantalon, son torse toujours nu. Il se dressa face à Toya d'un air menaçant, étant plus grand que lui, tout en se préparant à lui foncer dessus. Après tout... personne ne l'avait déjà traité de lâche.
Kyoko se dépêcha et se glissa de nouveau entre eux. Sa poitrine toucha accidentellement le torse de Toya au moment où son dos frôlait la peau chaude de Shinbe car ils s'apprêtaient à s'avancer dangereusement l'un vers l'autre. Son sourcil commença à trembler.
Je l'ai embrassé. Il n'a rien demandé. Maintenant, allez-vous-en pour que je puisse m'habiller.
Elle leva les yeux, cherchant le regard argenté de Toya et adoucit sa voix d'un air presque implorant.
La situation est assez mauvaise, pas besoin de l'aggraver.
Elle sentit Shinbe reculer et sans se retourner, elle savait qu'il s'habillait. Elle pouvait entendre le froissement du tissu tandis qu'il se glissait dedans d'un mouvement brusque. Sachant qu'il valait mieux ne pas se retourner et regarder, elle continua à fixer Toya en attendant de voir s'il allait essayer de blesser Shinbe. Elle soupira presque de soulagement en entendant les bruits de pas de Shinbe qui quittait les sources chaudes.
Toya ne prêta pas attention au départ de Shinbe. à cet instant, il fixait toujours les yeux de Kyoko avec confusion. Elle a embrassé Shinbe ? Pourquoi ? Elle tendit la main pour toucher son bras, mais il se retourna rapidement et fit un pas en avant, lui tournant toujours le dos.
Habille-toi, mais je ne te laisserai pas seule. Je resterai jusqu'à ce que tu sois prête à partir.
Le ton de sa voix était toujours empreint de colère.
Kyoko soupira et se dirigea rapidement vers ses vêtements, se jetant dessus. Une fois habillée, elle se retourna en voyant son dos raide puis le dépassa, prête à retourner dans la cabane lorsqu'il tendit la main et attrapa son bras, la faisant valser pour lui faire face. Toya voulait simplement connaître la raison. Pourquoi embrasserait-elle Shinbe comme cela ? Sa frange noire tomba en avant, cachant ses yeux dorés.
Pourquoi l'as-tu embrassé ? Chuchota-t-il.
Ses cheveux flottaient sous la brise, faisant miroiter ses reflets argentés d'un air séduisant.
Kyoko fronça les sourcils, ne sachant pas quoi répondre. En vérité, peut-être qu'elle le voulait simplement, mais elle ne pouvait pas lui dire cela.
Elle soupira :
Je n'ai pas réfléchi, donc... je ne sais pas pourquoi.
Elle baissa les yeux. De toute façon, c'était la vérité.
Toya sentit la peur se glisser dans son cÅur face à cette réponse. Il releva brusquement la tête et la regarda directement, attirant son regard vers le sien.
Kyoko, tu n'as jamais essayé de m'embrasser... comme ça, grogna-t-il sans réfléchir.
Les yeux de Kyoko lancèrent des éclairs pour l'avoir prise au dépourvu, et elle lui cria :
Tu n'as jamais agi comme si tu le souhaitais ! D'ailleurs, je n'ai pas de petit ami donc je suis libre d'embrasser qui je veux, n'est-ce pas ?
Elle retira brusquement son bras, ignorant son grognement face à sa réponse et s'en alla en se demandant pourquoi il s'en souciait soudainement.
Kyoko regardait le sol d'un air furieux tandis qu'elle se dirigeait vers la cabane. Toya l'avait énervée. Comment osait-il se fâcher contre elle ou Shinbe pour un baiser ? Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire, d'ailleurs ? Il se fichait d'elle. Il n'aimait personne, donc pourquoi prêter attention à celui qu'elle embrassait ? Elle ouvrit brusquement la porte de la cabane et se laissa tomber sur son sac de couchage, perdue dans ses pensées.
Toya entra derrière elle en piétinant.
Que je ne te revoie pas embrasser Shinbe ! Grogna-t-il en s'asseyant de l'autre côté de la pièce et en se penchant contre le mur.
Kyoko le regarda d'un air furieux tandis que son esprit enregistrait ce qu'il venait de dire, ou plutôt ordonner. Comment osait-il, ses yeux émeraudes commençaient à étinceler.
J'embrasserai Qui je veux, Quand je veux !
Après cela, Kyoko se leva furieusement, enroula son sac de couchage, ramassa son sac à dos et se dirigea vers la porte.
Toya bondit pour la suivre avec un air dévasté.
Où est-ce que tu crois aller, bon sang ?
Il n'avait pas voulu l'énerver au point de la faire partir. Il n'aimait simplement pas le fait que Shinbe l'ait touchée.
Kyoko s'arrêta avec sa main posée sur le cadre de la porte, lui tournant le dos.
Toya.
Elle se retourna légèrement, tendit la main vers lui, puis, avec un sourire narquois et furieux, elle utilisa le sort de domptage sur lui, sachant combien il détestait cela.
Ferme-la !
Toya tomba sur le sol avec un flot d'injures. Kyoko sortit en piétinant, dépassa Shinbe et se dirigea vers l'autel de la jeune fille avec l'intention de rentrer chez elle.
Shinbe se tenait debout en tournant le dos à la cabane, un léger sourire sur son visage. Il avait entendu ce que Kyoko avait dit, et son sourire s'était élargi en entendant Toya tomber sur le sol. Kyoko ne l'avait pas vu en sortant, donc il la suivit tandis qu'elle marchait vers la forêt.
Chapitre 4 « Ne t'en va pas »
En arrivant dans les jardins du cÅur du temps, Kyoko s'assit lentement sur l'herbe devant la statue de la jeune fille, regardant le visage de celle-ci. Elle se concentra sur le visage qui reflétait ses propres traits. Cette image appartenait à son ancêtre que la statue représentait. En vivant à la même époque, elles auraient pu être jumelles.
Kyoko se débarrassa de cette pensée, se rappelant pourquoi elle était assise sur l'herbe en premier lieu. Ses pensées commençaient à se battre entre elles comme si elle n'était même pas là pour écouter.
Toya est vraiment un crétin ! Elle venait à peine de rentrer et tout ce qu'il pouvait faire, c'était lui crier dessus. Parfois, elle... le détestait... OK, peut-être que c'était un mensonge. Kyoko soupira.
Je ne peux pas me mentir. J'aime Toya et quand il n'y a personne autour... il me prouve souvent qu'il m'aime aussi.
Kyoko plissa les yeux d'un air pensif.
Mais il faut toujours qu'il arrive et gâche tout.
Elle aller rentrer chez elle et peut-être qu'elle ne reviendrait jamais. Elle bondit avec l'intention de placer ses mains dans celles de la statue, sachant que cela la ramènerait à la maison.
Mais dans ce cas, tu ne reverrais plus jamais Shinbe.
Ses yeux s'élargirent et son esprit cria :
Tu as des sentiments pour lui !
C'est ridicule, se disputa-t-elle avec elle-même.
Je n'ai que des sentiments persistants car j'ai rêvé de lui, ça ne veut rien dire.
Elle s'éloigna de la statue, baissant sa main d'un air hésitant et s'assit de nouveau, se penchant contre une pierre froide.
Et s'il a des sentiments pour toi ? Si le baiser était allé plus loin, t'aurait-il embrassé en retour ?
Qui est à l'origine de ce baiser, déjà ?
Mais c'est un joueur... il aurait embrassé n'importe quelle femme.
Il t'a défendue face à Toya.
Seulement parce qu'il s'est senti menacé, et d'ailleurs, c'est sa manière d'être.
Une voix profonde la sortit de ses pensées embrouillées.
Kyoko, l'appela Shinbe d'une voix rauque.
Kyoko releva brusquement la tête et rougit, ayant l'impression qu'il avait entendu ses pensées.
Hum, salut.
Elle détourna le regard, espérant qu'il n'avait pas vu la rougeur bien présente.
Est-ce que tu rentres à la maison ?
Il s'avança de quelques pas tout en parlant.
Je ne peux pas vraiment te le reprocher, après la manière dont Toya a réagi.
Shinbe s'agenouilla devant elle avec sa main tendue pour l'aider à se relever. Elle saisit sa main et se leva, tapotant sa jupe pour faire partir la poussière.
Parfois, je ne peux pas supporter sa présence, Shinbe... je... je suis vraiment désolée pour tous les problèmes que je t'ai causés.
Elle s'avança vers l'autel.
Shinbe ne voulait pas voir Kyoko partir, mais il savait qu'il ne pourrait pas l'arrêter après avoir pris sa décision. Il savait qu'elle détestait quand Toya lui demandait de ne pas partir, et il ne voulait pas qu'elle lui en veuille pour les mêmes raisons. Mais en vérité, il ressentait la même chose que Toya... il ne voulait pas la voir partir.
Dissimulant ses vrais sentiments, il essaya de l'encourager.
Ce n'est rien, Kyoko. Tu peux me causer des problème à tout moment.
Il lui sourit, faisant semblant de la chercher lentement.
Kyoko ne manqua pas sa main tandis qu'elle s'avançait vers elle. Elle gloussa, lui souriant. Puis, elle disparut.
Shinbe se tenait debout, fixant la statue tandis que son sourire faiblissait. Il voulait lui dire de ne pas partir. Il n'aurait eu aucun mal à la peloter... enfin, peut-être un peu. Il avait fait ce geste pour lui permettre de partir l'esprit tranquille et de lui faire savoir que rien n'avait changé entre eux. Il savait qu'elle était furieuse et tout ce qu'il voulait, c'était la voir sourire, ou montrer d'autres émotions que la tristesse et la colère. Son plan avait mieux fonctionné que ce qu'il pensait en la voyant rire.
Le regard d'améthyste et hagard de Shinbe se détourna brusquement de l'autel de la jeune fille. Il détestait la capacité du portail temporel de l'éloigner de lui et aurait voulu pouvoir la suivre dans son monde... juste une fois. Ses yeux s'assombrirent d'un air séduisant, puis se plissèrent en pensant envieusement à Toya pouvant la suivre à travers le cÅur du temps. Pourquoi le portail temporel avait-il choisi le gardien argenté et seulement lui ? Ce n'était pas juste. Toya n'était pas son unique gardien.
*****
Lorsque Kyoko se retrouva de l'autre côté de l'autel de la jeune fille, elle s'allongea dans l'intimité du temple, reposant sa tête contre son sac à dos et fermant les yeux. à cet instant, elle ne voulait voir personne.
Les pensées de Shinbe lui faisant l'amour continuaient à pénétrer son esprit. Pourquoi avait-elle dû rêver de lui comme cela ? Cela lui donnait envie de...
à quoi est-ce que je pense ? Se demanda-elle.
Elle devait cesser de penser à cela.
De toute évidence, Shinbe et Suki s'appréciaient, même s'ils ne voulaient pas l'admettre. D'ailleurs, il faisait des avances à toutes les femmes. C'était sa manière d'être.
Kyoko se releva lentement et sortit du temple qui protégeait la statue de la jeune fille.
Je vais aller dans ma chambre et étudier. Ouais, puis j'irai à l'école demain, et tout ira bien. Je vais peut-être même appeler mes amis et aller traîner avec eux un petit moment.
Kyoko s'arrêta en plein chemin et loucha presque en pensant à voix haute :
Nouvelle règle, ne pas manger de fruits avec ses amis.
*****
Toya luttait toujours contre son humeur jalouse tandis qu'il marchait lentement vers l'autel. Il avait bien l'intention de suivre Kyoko et de lui parler franchement. Il ne supportait pas de la savoir en colère contre lui.
Ses sens montèrent en flèche, lui disant qu'il n'était pas seul. Il jeta un coup dâÅil et vit Shinbe penché contre l'un des gros rochers environnants appartenant à un château oublié qui se tenait là auparavant. Ses mains étaient soigneusement mises dans son imperméable avec son bâton posé sur ses genoux. Sa tête était posée en arrière avec les yeux fermés, comme s'il dormait.
Réveille-toi, stupide coureur de jupons ! Lui cria Toya, maintenant plus agacé que jamais.
Shinbe s'efforça d'ouvrir un Åil somnolent, puis le referma.
Qu'est-ce que tu veux, Toya ?
Qu'est-ce que je veux ? Je veux savoir ce que tu fous assis là , ragea-t-il.
Shinbe ouvrit les yeux et sourcilla face à son frère.
N'ai-je pas le droit de me reposer ?
Toya plissa les yeux en le regardant.
Depuis quand est-ce que tu viens au cÅur du temps pour te reposer ?
Shinbe se leva lentement, se préparant, juste au cas où. Il savait que Toya était bien plus fort. Mais il savait également qu'il n'était pas aussi faible que ce que Toya pensait. Leurs pouvoirs étaient juste différents.
Je suis venu dire au revoir à Kyoko. Après la manière dont tu l'as traitée, on serait chanceux de la voir revenir un jour. Qu'est-ce qui se passe dans ce petit pois qui te sert de cerveau, d'ailleurs ?
La voix calme de Shinbe avait une touche d'agitation qu'il cachait.
Toya grogna doucement, sachant que Shinbe disait la vérité. Peut-être, oui peut-être qu'il avait exagéré, mais quand même, il les avait vus s'embrasser. Kyoko avait embrassé ce gardien lubrique. La scène repassait dans l'esprit de Toya et son âme cria :
Non, c'est Shinbe qui embrassait Kyoko, pas l'inverse.
Il tourna le dos à Shinbe.
Je ne sais pas ce que tu mijotes, gardien, mais si tu retouches Kyoko... je te tuerai.
Après cela, Toya s'envola dans les airs, ne laissant qu'une plume argentée flotter dans la brise.
Shinbe soupira et s'assit de nouveau, se posant contre la pierre lorsqu'il entendit le rire moqueur de Kamui à distance. Quelques instants plus tard, Sennin, Kamui et Suki entrèrent dans la clairière, portant des paniers d'herbes et de légumes que le vieil homme avait cherchés.
Ils ont dû le rencontrer en retournant à la cabane, raisonna Shinbe.
Sennin était le vieil homme qui possédait la cabane dans laquelle ils séjournaient lorsqu'ils étaient proches de l'autel. Sennin avait élevé Suki et son frère, tout seul, lorsque sa femme, leur mère, avait été tuée par des démons lors d'une attaque au village. Suki était trop jeune pour se souvenir de la mère qu'elle préférait, mais elle avait été la meilleure tueuse de démons du royaume.
Au village, Sennin était un médecin, mais les gardiens savaient la vérité. Il maîtrisait le lancement de sorts, et en savait bien plus que la plupart des humains dans le royaume. Shinbe sourit tristement tandis qu'il observait le vieil homme s'approcher.
Pourquoi as-tu l'air si morose, Shinbe ? Demanda Sennin en s'approchant.
Il le regarda en plissant les yeux avec sa vue vieillissante. Le gardien d'améthyste avait agi bizarrement ces derniers temps... et cela en disait beaucoup car selon lui, tous les gardiens étaient naturellement étranges.
Shinbe se leva tandis qu'ils approchaient, comme s'il les attendait, au lieu d'en venir presque aux mains avec Toya.
Suki regarda l'autel de la jeune fille derrière lui.
Est-ce que Kyoko est déjà rentrée ?
Shinbe regarda dans le vide avant de lui répondre :
Oui, oui elle est rentrée.
Kamui cessa de fouiller dans le panier à la recherche de quelque chose à manger et observa Shinbe avec attention, son sourire disparaissant et se transformant en inquiétude.
Pourquoi est-elle partie ?
Puis, comme s'il venait de s'en rendre compte, il plissa les yeux :
Qu'est-ce que Toya a fait cette fois ?
Shinbe tendit la main et la posa sur l'épaule de Kamui pour le calmer. Il savait que Kamui détestait quand Kyoko retournait dans son temps, autant que lui d'ailleurs.
Ãa va aller Kamui. Elle reviendra bientôt.
Ou du moins il l'espérait. Il grogna intérieurement.
Suki semblait troublée. Kyoko était revenue au milieu de la nuit. Elle n'avait pas eu la chance de lui parler sauf ce matin, quelques instants.
Est-ce qu'elle a dû le dompter ?
Shinbe jeta un coup dâÅil à la fille et sourit d'un air narquois :
J'en ai bien peur. Toya n'est pas de très bonne humeur.
J'imagine bien. Est-ce que tu sais pourquoi ils se sont disputés cette fois ?
Sennin le regarda en plissant les yeux tandis qu'il déplaçait son panier et marchait vers la cabane. Suki le suivit avec Kamui, qui était de nouveau en train de chercher de la nourriture dans le panier pour grignoter. Shinbe les suivit en essayant de trouver une réponse.
Est-ce que Toya a besoin d'une raison pour lui crier dessus ?
Shinbe haussa les épaules, comme s'il ne savait rien, en espérant que personne ne pourrait sentir sa culpabilité.
Toya était assis dans un arbre près de la cabane de Sennin et écoutait leurs badinages tandis qu'ils s'approchaient. Il avait entendu le commentaire de Shinbe et voulait le réduire en bouillie. Mais en y repensant, il valait mieux ne pas leur raconter ce qu'il avait vu. Ses yeux étincelaient d'une couleur argentée en repensant au baiser. Décidant de ne rien dire pour l'instant, Toya se pencha contre l'arbre et ferma les yeux, faisant semblant de dormir.
Est-ce que tu dors, Toya ? L'appela Sennin.
Toya continuait d'ignorer le vieil homme. Ce n'était pas comme s'il lui devait quoi que ce soit.
Sennin marqua une pause, souhaitant se faire comprendre.
Tu as recommencé. Tu ne pouvais pas attendre un peu plus longtemps ?
Toya se pencha en avant et lança un regard furieux à Sennin.
Ferme-la, vieil homme. Tu ne sais même pas de quoi tu parles.
Il descendit de l'arbre et se dirigea vers la forêt.
Shinbe soupira de soulagement. Il avait peur d'entendre Toya leur parler du baiser innocent, il aurait dû s'expliquer.
Est-ce que j'ai dit « innocent » ? Se dit-il en sentant quelque chose de lourd s'installer dans le creux de son estomac.
Si c'était innocent, pourquoi n'arrêtait-il pas de penser à la douceur de ses lèvres qui avaient touché les siennes ? Face à cette pensée, il grogna et entra dans la cabane.
Kaen, un allié des gardiens, mieux décrit comme un jet de feu, apparut devant Kamui avec un sourire. Il aidait souvent Kamui à s'entraîner et était très protecteur envers lui durant la bataille. Kaen pouvait se transformer en dragon, c'était un avantage... cela rendait l'entraînement bien plus intense. Ils s'entraînaient dehors tandis que Sennin et Suki se regardaient mutuellement.
Suki haussa les épaules et ils entrèrent dans la cabane. Shinbe était allongé sur un matelas, appuyé sur son coude en leur tournant le dos. Ils l'observaient, mais aucun d'eux ne disait quoi que ce soit concernant son humeur déprimée. Suki allumait le feu de cuisson tandis que Sennin préparait la nourriture pour le dîner, jetant tous les deux un coup dâÅil à Shinbe alors qu'il soupirait.
*****
Toya resta loin de la cabane toute la journée, jusqu'à ce que le soleil ait commencé à se coucher. Il s'approchait silencieusement lorsqu'il entendit Sennin et Suki parler doucement. Son ouïe améliorée de gardien pouvait entendre chaque mot que leurs lèvres prononçaient.
Est-ce que tu crois qu'il est malade, Sennin ? Demanda Suki d'un air inquiet en fixant Shinbe qui était toujours allongé sur sa couverture, apparemment endormi.
Oui, il n'a rien mangé, répondit le vieil homme en nettoyant les bols du dîner.
J'espère qu'il n'a rien attrapé. Sans l'aide de Kyoko, on va vraiment avoir besoin de lui demain pour chercher le talisman manquant.
Suki haussa les épaules tout en déroulant son sac de couchage.
Oui, je lui ferai du thé aux herbes à son réveil.
Sennin ne pensait pas que le gardien était malade car ils étaient très bien immunisés contre les maladies humaines. En vérité... il n'en avait jamais vu un malade. Cela devait être quelque chose de plus profond.
Son regard marron et âgé s'aiguisait en pensant au talisman manquant. Depuis que le cristal du cÅur du gardien avait été brisé, les petits éclats de talisman apparaissaient n'importe où, et souvent dans de mauvaises mains. Tout démon faible possédant un talisman devenait fort et dangereux. L'armée maléfique de Hyakuhei semblait s'élargir de jour en jour. Récemment, il avait senti le mal s'approcher.
Toya se tenait à l'extérieur de la cabane en se demandant s'il devait entrer, lorsqu'il entendit son nom. Suki étouffa un bâillement :
Je me demande ce qui a énervé Toya au point de faire partir Kyoko.
Sennin hocha la tête.
Je pensais qu'il avait compris la leçon. On a besoin d'elle autant qu'on a besoin des gardiens.
Suki s'assit sur son matelas, balayant de la poussière imaginaire.
Eh bien, il l'a énervée assez rapidement. Je parie qu'il lui a fait une remarque concernant son odeur d'alcool.
Elle se tourna pour regarder Kamui furieusement lorsqu'elle entendit un rire étouffé sortir de sa bouche. Ramassant un peigne que Kyoko lui avait donné, elle le lança sur lui, le frappant à la tête.
Je pensais que tu dormais !
Sennin se moqua d'eux tout en quittant la cabane :
Bonne nuit Suki... Kamui.
Toya se tenait dehors. Il avait oublié l'odeur d'alcool de Kyoko. Il n'avait donc pas à leur raconter ce qui s'était passé, même s'il aurait bien voulu causer des problèmes à Shinbe vis-à -vis de Suki. Il sourit. Elle serait tellement en colère contre lui qu'elle le frapperait jusqu'au siècle prochain.
Bondissant dans l'arbre, Toya laissa échapper un rire en pensant à Suki giflant Shinbe, sachant que son frère ne lèverait même pas le petit doigt pour l'arrêter.
Chapitre 5 « Jalousie dangereuse »
Kyoko était malheureuse. Elle ne pouvait penser qu'à Shinbe et Toya et ce stupide baiser. Elle était allongée sous la douce couverture, bien réveillée, se demandant pourquoi elle voulait être embrassée par eux. L'un d'entre eux était Shinbe, le gardien lubrique qui draguait toutes les femmes qu'il rencontrait. Il avait probablement eu plus de femmes qu'elle ne pouvait en compter sur ses doigts, mais le fait de penser à son baiser la faisait tomber en pâmoison.
L'autre était Toya, qui lui criait toujours dessus pour rien et essayait toujours de contrôler tous ses gestes. Pourtant, il pouvait être très mignon parfois. Tous les deux le pouvaient. Elle cogna sa tête sur l'oreiller et soupira. C'était étrange de ne penser qu'à Toya avant d'aller dormir, mais depuis quelques temps, ses pensées dérivaient lentement vers Shinbe. Shinbe... Elle s'assoupit pour rêver de lui une nouvelle fois.
*****
Shinbe se réveilla au milieu de la nuit en suant, un autre rêve. Il gémissait tout en se levant. Pourquoi n'arrêtait-il pas de penser à elle ? Elle le poussait à bout. Il regarda autour de lui pour s'assurer que Suki et Kamui dormaient toujours. Quittant la pièce tel un fantôme, il sortit de la cabane et prit une profonde inspiration en regardant le ciel. à cet instant, il remarqua Toya en train de le fixer sur les branches inférieures de l'arbre en face de la cabane.
Quoi ?
Shinbe ne voulait pas se disputer de nouveau, mais la manière dont Toya le regardait furieusement l'irritait.
Toya renifla et grogna, sentant l'excitation de Shinbe.
Qu'est-ce que tu fais, gardien ?
Shinbe inclina sa tête et plaça ses doigts sur ses tempes comme s'il avait une migraine, même si c'était impossible pour un immortel.
Je vais faire une promenade nocturne, même si ça ne te regarde pas.
Toya grogna de nouveau, sautant de son perchoir au-dessus de la cabane de Sennin. Il marchait autour de Shinbe comme s'il traquait sa proie.
Je n'en doute pas.
Toya continuait à lui tourner autour.
Shinbe le regardait du coin de lâÅil, un air ennuyé sur son visage, mais mentalement prêt à se faire attaquer par Toya.
Je ne vois pas ce que tu veux dire, Toya. Mais si tu le permets, je n'ai vraiment pas besoin de toi pour me tenir la main.
Toya cessa de l'encercler d'un air intimidant, et se plaça si rapidement devant Shinbe qu'il provoqua une brise.
Ne t'approche pas de Kyoko, t'as compris ? Si je crois ne serait-ce qu'une minute que tu l'as touchée...
Il laissa tomber son bras sur son flanc et laissa l'une des dagues jumelles se former dans sa paume tout en plissant les yeux en direction de l'autre gardien.
Je te tuerai sans réfléchir, frère ou pas.
Shinbe ne supportait pas le ton autoritaire de Toya.
Oui, j'ai compris. Maintenant, si tu le permets.
Toya se déplaça sur le côté, laissant Shinbe passer.
Je n'ai pas confiance en ce gardien, se dit-il.
Shinbe pénétra dans la forêt. Il se fichait de l'endroit où il allait. Il voulait juste s'éloigner le plus possible du regard entendu de Toya. Oui, il savait que Toya le tuerait en apprenant ce qu'il avait fait, mais au moins, il mourrait heureux. Il soupira en regardant le ciel étoilé.
Oh, Kyoko, pourquoi es-tu partie ? Fichu Toya.
Il fit tournoyer son bâton devant lui et grogna :
Je te maudis.
Shinbe poursuivit sa marche sans aucune intention de s'approcher de l'autel, mais au final, il se retrouva là -bas. Il se tenait au bord de la clairière, sachant qu'il ne devrait pas être là . Toya le suivait probablement. Il jeta un coup dâÅil autour de lui de façon empruntée à la recherche de son frère coléreux. En ne le sentant nulle part, il s'approcha lentement de la statue de la jeune fille.
Il se tenait devant celle-ci, regardant l'image de Kyoko du passé, rêvant éveillé, et n'entendant pas les bruits de pas derrière lui.
Qu'est-ce que tu crois être en train de faire, gardien ? L'interpella Toya à voix basse.
Il avait tellement effrayé Shinbe qu'il en avait perdu son équilibre et était presque tombé dans les bras de la jeune fille, mais Toya l'avait attrapé par le bras.
Toya, il faut que tu arrêtes de te faufiler derrière les gens comme ça, grogna Shinbe en se débarrassant de la main de Toya.
Je t'ai dit de ne pas t'approcher de Kyoko. Je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête, mais si je dois te ramener à la raison, je le ferai.
Les yeux de Toya étincelaient de colère en pensant aux sentiments de son frère envers Kyoko. Pas dans cette vie, pas en sa présence.
Shinbe en avait marre des menaces de Toya. Il craqua.
Bon sang !
Il fit tournoyer son bâton vers Toya, celui-ci bondit en arrière.
Tu as eu un million de chances avec Kyoko, mais tu as toujours préféré fermer les yeux. Maintenant tu veux lui dire avec qui elle doit être ? Qui elle peut embrasser ?
Il riait mais avait l'air fâché.
Ãa ne va pas se passer comme ça, Toya. Tu as perdu.
Shinbe secoua la tête et immobilisa son bâton, prêt pour le carnage en approche. Il savait de quoi Toya était capable, mais il en avait marre de se rétracter.
Toya fixa Shinbe d'un air choqué. Il ne pouvait pas bouger. Il savait qu'il ne pouvait pas utiliser les dagues jumelles... s'il le faisait, il tuerait son frère. Ses yeux commençaient à saigner de l'argent fondu tandis qu'il les plissait en direction de son frère.
Qu'est-ce que tu viens de dire ? Est-ce que tu es en train de me dire que « tu » veux Kyoko ?
Toya grogna puis poursuivit :
Tu n'es rien d'autre qu'un gardien lubrique. Kyoko ne voudra jamais de toi !
Il se jeta sur Shinbe.
Shinbe esquiva l'attaque de Toya et conserva sa position.
Est-ce que tu penses qu'elle voudrait de toi, alors que tout ce que tu fais, c'est essayer de la contrôler et faire comme si tu te fichais de ses sentiments ?
Il esquiva un autre coup de Toya et rit.
Tu deviens lent...
Sa voix s'assombrit.
⦠ou est-ce que j'ai touché un point sensible ?
Toya se tenait debout en fixant Shinbe. Pourquoi il n'utilisait pas les dagues jumelles, il ne le savait pas. Mais il voulait répandre le sang de Shinbe, désespéramment. Il n'avait pas besoin de lames pour cela.
Tu n'as pas le droit de parler de ce que je fais.
Le ton de Toya était meurtrier tandis qu'il baissait la tête, sa frange faisant de l'ombre à la touche de rouge qui se mélangeait à l'argent de ses iris.
Shinbe sourcilla face à Toya.
Ah, j'ai donc bien touché un point sensible. Intéressant. Le gardien argenté a des sentiments... il ressent des choses pour sa prêtresse. Mais tu n'as aucun droit de dire à Kyoko qui elle peut embrasser. Après tout, comme elle l'a dit, elle n'a pas de petit ami. Donc de mon point de vue, c'est une cible légitime.
Shinbe haussa les épaules, se tournant et jetant un coup dâÅil à l'autel.
Toya saisit l'occasion pour se jeter sur Shinbe.
Bon sang, ne me tourne pas le dos !
Il frappa Shinbe violemment, le faisant tomber, son bâton traversant la clairière.
Shinbe se releva rapidement et se tourna, faisant face à Toya. Ses longs cheveux bleu nuit flottaient dans la brise tandis que ses yeux d'améthyste brillaient dangereusement. Les deux gardiens restèrent silencieux un moment en se faisant face avec colère. L'herbe autour d'eux et la statue de la jeune fille miroitaient avec une aura inaperçue laissée par l'ennemi.
Sans arme et désavantagé, Shinbe plaça ses mains devant lui, les paumes vers le haut comme s'il faisait appel à ses pouvoirs de gardien. Les rochers autour d'eux commençaient à se lever du sol dont ils étaient prisonniers depuis si longtemps. Il savait qu'il n'aurait pas le temps de lancer son sort lorsque Toya fonça de nouveau sur lui. Il essaya d'esquiver, mais sentit ses jambes céder alors qu'il se cognait contre le bord de l'autel de la jeune fille.
Les pierre lourdes chutèrent sur le sol tandis que Toya s'effondrait sur lui, l'attrapant par la gorge. Shinbe saisit la chemise de Toya par l'avant tandis qu'ils tombaient tous les deux dans une mer de brume bleue et chaude.
Au lieu d'atterrir lourdement comme Shinbe le pensait, il se sentit enveloppé par une douce lumière bleue. Au début, il pensait qu'il devait être en train de mourir, puisque Toya l'avait étranglé avant de tomber. Sortant du mouvement ralenti, la brume mystérieuse disparut et ils atterrirent... violemment. Les mains de Toya étaient toujours autour de son cou.
Alors que ses sens refaisaient surface en rafale, Shinbe mit ses mains entre les bras de Toya et réussit à se dégager des mains du gardien.
Toya atterrit sur son dos tandis que Shinbe le poussait. C'est à cet instant qu'il réalisa où ils étaient.
Qu'est-ce que... ?
Toya fixa l'obscurité, voyant le toit au-dessus de sa tête. Ils avaient glissé dans le temps de Kyoko ? Shinbe était dans le foutu temps de Kyoko ?
Non ! Grogna Toya tandis qu'il se relevait du sol en bois et regardait Shinbe d'un air furieux.
Aucun gardien n'avait réussi à traverser le cÅur du temps, sauf lui. Il était le seul gardien ayant le droit d'être là . La jalousie grésillait dans le sang de Toya.
Maintenant je vais vraiment te tuer !
Toya fonça de nouveau sur Shinbe, le frappant sur le côté de la tête.
Shinbe n'était pas aussi faible qu'il en avait l'air. Il secoua la tête tandis qu'il levait une jambe, tomba rapidement et frappa Toya sur le flanc, le faisant chuter.
Toya grogna en atterrissant sur le côté, contre le mur de l'autel.
Shinbe se posa contre le mur en bois en haletant fortement, essayant de reprendre son souffle. Son manteau était déchiré, et sa tête palpitait à cause du coup de Toya. Il jeta un coup dâÅil à Toya, qui avait l'air indemne... il avait juste l'air d'être vraiment furieux.
Toya s'accroupit et cria :
Tu n'as pas le droit d'être ici !
Il s'élança de nouveau vers Shinbe, mais se cogna contre le mur lorsque Shinbe esquiva à la dernière seconde.
Toya était peut-être plus fort, mais Shinbe était plus rapide. En esquivant, Shinbe se retourna et lança une rafale de force vitale qui aurait blessé un dieu.
Toya tomba en arrière mais sa colère l'empêchait de ressentir quoi que ce soit. Il essuya le sang sur sa lèvre tout en regardant furieusement Shinbe avec des yeux de mercure. Il devait se calmer, mais même en y pensant, sa rage ressurgissait. Il voulait faire du mal à Shinbe, vraiment. Il observait tandis que Shinbe se penchait, haletant avec ses paumes sur ses jambes, et saisit cette opportunité pour l'attraper par le manteau, jetant Shinbe en dehors du temple.
Les gardiens ne pouvaient pas être tués... c'était une théorie du moins... c'était un mensonge. Hyakuhei avait tué leur père et personne était immortel. Shinbe glissa sur le gravier avant de rouler en s'arrêtant, puis se leva, essuyant le sang et la crasse de ses yeux.
*****
Kyoko était allongée dans son lit, se demandant ce qui l'avait réveillée. Elle pouvait entendre des bruits sourds et des grognements assourdissants, elle se disait donc que grand-père veillait tard en regardant la télévision. Elle sauta presque au plafond lorsque Tama arriva en trombe dans sa chambre.
Kyoko ! Cria Tama en pointant du doigt la fenêtre. Quel... quelqu'un se bat dans... la... la cour.
Il prononçait à peine ces mots en bégayant tandis que Kyoko courait vers la fenêtre pour voir. Elle ne pouvait pas voir grand chose car ils avaient de toute évidence casser le lampadaire qui se tenait au bord de la cour.
Tama se tenait près d'elle, fixant la cour, au moment où un éclair rouge et noir apparut tout près de la maison, la lumière provenait du porche.
Il pointa du doigt :
C'est, c'est...
Toya ! Cria Kyoko tout en sentant la panique s'emparer d'elle.
Contre quoi se battait-il... un démon... dans son monde ? Elle observait tandis qu'il se faisait soudainement soulever dans les airs et jeter en arrière dans l'arbre gigantesque dans lequel elle grimpait lorsqu'elle était enfant. Le problème était... qu'elle ne voyait pas ce qui l'avait jeté, sauf s'il se battait contre un fantôme.
Tama, va réveiller grand-père. Je dois aider Toya.
Elle attrapa rapidement son arc d'énergie et quitta la pièce tandis que Tama se tenait là , choqué.
Elle courut pieds nus dans la cour, une fléchette d'énergie déjà encochée dans l'arc. Essayant de distinguer sa cible avant de relâcher la fléchette d'énergie, elle fut choquée de trouver non pas un mais deux gardiens. Cela l'arrêta net dans son élan.
Shinbe, chuchota Kyoko tandis qu'elle le regardait s'effondrer sur le mur extérieur du temple.
C'était comme si elle pouvait sentir l'impact autant que lui, sauf que cela laissait une brèche énorme dans son cÅur. Elle vit du mouvement sur le côté et tourna brusquement son regard émeraude vers celui-ci. C'était Toya, et il était sur le point de foncer sur Shinbe une nouvelle fois.
Lâchant son arc, elle leva la main pour lancer le sort de domptage qui ne pouvait fonctionner que sur le gardien argenté.
Toya, non ! Hurla Kyoko.
Toya était en plein vol lorsqu'il chuta soudainement sur le sol comme une tonne de briques, enfonçant son visage dans la terre dure.
Kyoko courut vers Shinbe, dérapant sur l'herbe dans sa course. Tombant sur ses genoux à côté de lui, ses lèvres s'écartèrent, sachant qu'il était en mauvais état.
Shinbe, est-ce que ça va ?
Shinbe ouvrit un Åil et fixa Toya.
Ãa doit faire mal.
Il essaya de sourire d'un air narquois, mais s'évanouit avant d'y arriver.
Toya regarda Kyoko en étant couché et grogna en voyant ses lèvres trembler. Comment osait-elle se mettre du côté du lubrique, après ce que Shinbe avait dit ?
Kyoko se tourna vers lui, les larmes lui montant aux yeux.
Qu'est-ce que tu as fait ?
Il n'eut pas le temps de s'expliquer car son frère et son grand-père arrivaient dans la cour en courant. Grand-père avec ses parchemins de démons dans une main, prêt à écraser ce qui osait blesser sa petite-fille.
Kyoko commençait à sangloter, ne sachant pas quoi faire.
Aidez-moi à le porter jusqu'à la maison.
Tama et grand-père ne posèrent aucune question tandis qu'ils ramassaient Shinbe pour le porter jusqu'à la maison. Grand-père plissa simplement les yeux en direction de Toya tandis que Tama refusait de le regarder. Ils s'en allèrent, laissant Toya allongé sur le sol.
Toya ne prenait pas la peine de bouger. Il savait que Kyoko était tellement en colère contre lui qu'elle pourrait probablement lui lancer ce fichu sort en boucle s'il osait entrer dans la maison. Ce n'était pas juste. Ne comprenait-elle pas qu'il la protégeait ?
Le clair de lune faisait ressortir les reflets argentés de ses cheveux noirs tandis qu'il se tournait avec le cÅur lourd. S'appuyant contre le sol, il retourna dans le cÅur du temps.
*****
Lorsque le soleil se leva au-dessus de l'autel de la jeune fille, Toya faisait toujours les cent pas dans la clairière, essayant de comprendre ce qui s'était passé. Comment Shinbe avait-il pu passer à travers le cÅur du temps ? Il n'en avait pas le droit. La question tournait en boucle dans son esprit, le rendant fou.
Suki arriva dans la clairière avec Kamui et Kaen, cherchant Toya et Shinbe. Elle remarqua Toya et lui fit un geste de la main.
Bon sang, comme si j'avais besoin de ça.
Toya jurait intérieurement tandis qu'il regardait Suki s'approcher. Elle s'arrêta et le fixa un long moment avant de parler, et l'air inquiet dans ses yeux le prit au dépourvu.
Toya, est-ce que ça va ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Elle tendit la main pour toucher son visage, et il tressaillit. Elle fixait les blessures en voie de guérison sur son visage, et le sang sec sur ses vêtements et mains. Elle regarda de nouveau ses mains. Toya ne laissait jamais de sang sec sur ses doigts comme cela. Qu'est-ce qui se passait ?
Toya, Ã qui appartient ce sang ?
En n'obtenant pas de réponse et en le voyant détourner le regard, elle jeta un coup dâÅil aux alentours à la recherche de Shinbe, sachant qu'il lui raconterait ce qui se passait. En ne le voyant pas, la panique s'empara de sa voix tandis que ses yeux s'élargissaient :
Où est Shinbe ?
Kamui se tenait au bord de la clairière avec Kaen lorsqu'il sentit l'agitation de Toya, puis réduisit la distance entre eux. Il avait entendu la question et priait pour ne pas avoir la bonne réponse. Espérant les calmer tous les deux, il tenta de faire une blague en demandant :
Toya, ne me dis pas que tu as tué Shinbe ?
Toya serra les dents.
Je n'ai tué personne, petit avorton, donc ferme-la !
Il détourna le regard puis regarda ses ongles ensanglantés... il ne les avait même pas remarqués.
L'ai-je fait ? Se dit Toya.
Le dernier coup qu'il avait donné à Shinbe avait dû causer de sérieux dégâts. Il se souvenait de ses griffes pénétrant la chair du flanc de Shinbe tandis qu'il le jetait contre l'arbre. Toya savait que ses griffes pouvaient être mortelles lorsqu'elles devenaient plus longues durant la bataille... pas seulement contre les démons, mais aussi tous les immortels, dont les gardiens.
Il n'aurait pas dû se battre contre son frère, mais il était tellement enragé qu'il n'avait pas pu s'arrêter. Pourquoi s'était-il emporté comme cela, sachant que son sang de démon pourrait faire surface ? Habituellement, il se contrôlait mieux. Bon sang. Il ne savait pas ce qu'il aurait pu lui faire si Kyoko n'était pas intervenue. Il ne s'était jamais battu contre Shinbe auparavant... qu'est-ce qui se passait ?
Ce sentiment de panique le submergea de nouveau lorsqu'il sentit les regards de Suki et Kamui dans son dos. Shinbe était son frère... un gardien. Qu'avait-il fait ? Ne les regardant pas, Toya serra les poings et cria soudainement :
Je n'ai rien fait !
Voulant s'échapper, il traversa la clairière en se dirigeant vers les bois.
Kaen et Kamui se regardaient mutuellement en partageant le même sentiment inquiétant.
*****
Kyoko était assise à son bureau, aiguille et fil en main. Elle avait décidé de coudre l'imperméable de Shinbe puisqu'il était déchiré à certains endroits. Elle devait s'occuper, car avec Toya parti et Shinbe évanoui... elle ne pouvait même pas demander à qui que ce soit ce qui s'était passé. Elle avait l'impression qu'ils se battaient à cause d'elle.
C'était juste un stupide baiser, marmonna-t-elle d'un air coupable.
Après que grand-père avait retiré les vêtements de Shinbe, elle les avait pris pour nettoyer le sang tandis que Tama aidait grand-père à panser les blessures qui guérissaient déjà . Si Shinbe n'avait pas été un gardien pouvant se guérir rapidement, il se serait vidé de son sang en quelques minutes. Alors qu'elle regardait l'une des déchirures du tissu, elle imagina les griffes de Toya et frissonna.
Il était assez amoché, mais la bosse sur sa tête était la pire. Son grand-père lui avait dit qu'il resterait probablement inconscient un certain temps à cause de cela. Il lui avait également dit que lorsque deux gardiens se battaient, c'était un peu plus dangereux que pour des humains. Grand-père et ses légendes... elle n'avait pas besoin d'une légende pour comprendre que c'était mauvais. Elle espérait simplement que Shinbe n'avait pas de lésions cérébrales. Pour lui, être inconscient aussi longtemps n'était pas bon signe. Elle priait pour le voir se réveiller et lui dire que tout allait bien.
Kyoko était assise à ses côtés depuis que grand-père l'avait bandé et posé soigneusement sur le lit de Kyoko. Elle n'avait pas dormi depuis, par peur de ne pas être au courant de son réveil.
Shinbe ouvrit lentement les yeux face à la faible lumière de la chambre. Où était-il ? Il fixa le plafond blanc avec confusion. Sa tête, qu'est-ce qu'elle faisait mal. Il essayait de regarder autour de lui, mais cela faisait aussi mal. Il y avait du rose partout. Où était-il ?
Aïe !
Kyoko se piqua avec l'aiguille et mit son doigt dans sa bouche, le suçant. Elle s'était légèrement tournée sur sa chaise et Shinbe la vit, la lumière de la lampe de bureau brillant sur son visage.
Je dois être au paradis, chuchota Shinbe à travers ses lèvres sèches.
Il observait tandis que les yeux de Kyoko s'élargissaient, puis elle se tourna pour le regarder. Il essayait de sourire mais sa tête lui faisait trop mal, il ferma donc les yeux.
Kyoko renversa presque sa chaise en essayant d'aller vers lui si rapidement.
Shinbe, non, ne te rendors pas déjà , supplia-t-elle d'une voix tremblante.
Elle était au bord des larmes. Shinbe ouvrit les yeux en sentant le sel dans les airs. Ãtait-elle en train de pleurer ? Il essaya de s'asseoir, mais une douleur cuisante traversa sa tempe.
Kyoko posa sa main sur son épaule.
N'essaye pas de t'asseoir. Tu as été profondément blessé.
Elle essuya sa joue mouillée avec le revers de sa main et sourit lorsqu'il ouvrit de nouveau les yeux.
Tu crois ?
Il essayait de sourire, mais sa tête n'allait pas bien. Il mit sa main derrière sa tête pour la tenir dans sa paume.
Hum, grosse bosse.
Il regarda Kyoko d'un air interrogateur.
Kyoko ne pouvait pas s'en empêcher :
Espèce d'abruti, tu aurais pu te faire tuer.
Elle fondit en larmes, posant ses mains sur son visage, elle sanglotait.
Shinbe tendit la main et passa le dos de son doigt sur sa joue.
Je suis désolé Kyoko, j'espère que Toya est aussi amoché que mes sentiments.
Kyoko découvrit son visage et le fixa.
Je n'en sais rien.
Elle lui tourna le dos et se dirigea vers le bureau, prenant un pichet d'eau et en versant dans un verre. Tout d'un coup, elle était en colère contre eux deux. Ils étaient censés chercher le talisman ensemble, pas se battre.
Tu ne sais pas ?
Shinbe essaya de hausser les sourcils, mais réalisa que tout son corps lui faisait mal. De là , il décida que la prochaine fois qu'il se battrait contre Toya, il ne se contenterait pas de se défendre... la prochaine fois, il riposterait.
Kyoko traversa la pièce et l'aida à boire de l'eau. Elle lui sourit avec une étincelle dans les yeux.
Je n'ai pas vu Toya depuis que je lui ai lancé le sort de domptage près du temple.
Quelque part, elle savait que cela réconforterait Shinbe.
Il essaya de rire, mais se mit à tousser.
Sort de domptage ?
Posant sa main sur son torse bandé, il grogna :
Ne me fais pas rire. Ãa fait mal.
Kyoko avait une expression peinée.
Je suis vraiment désolée, Shinbe. On ne pouvait pas t'emmener voir un médecin humain sans... eh bien, tu sais. Grand-père a essayé de te soigner autant qu'il le pouvait, et la plupart des blessures visibles ont guéri.
Shinbe cligna des yeux, plutôt que hocher la tête.
Je comprends. Merci de m'avoir soigné.
La curiosité l'envahissait.
Mais tu n'es pas allé voir Toya ?
Kyoko se leva, lui tournant le dos.
Non, je suis restée avec toi, attendant que tu te réveilles.
Elle marcha vers le bureau, prenant la bouteille d'aspirine mais la reposa, sachant que cela n'aiderait pas un gardien.
Pourquoi étiez-vous en train de vous battre ? Chuchota-t-elle, ne voulant pas entendre la réponse.
Elle reprit la bouteille en se disant que cela ne pourrait pas faire de mal.
Combien de temps suis-je resté inconscient ? Chuchota Shinbe, essayant de ne pas aggraver la douleur.
Il avait entendu sa question mais... il valait mieux garder cela entre entre lui et Toya.
Elle se tourna, revenant vers lui.
Plusieurs heures.
Kyoko plaça l'aspirine sur ses lèvres et reprit le verre d'eau.
Tiens, prends ça.
Il obéit, se disant :
Elle est restée à mes côtés toute la nuit ?
Il ferma les yeux, méditant sur cette question. Puis, il sentit sa main fraîche sur son front et rouvrit les yeux.
Kyoko sourit.
Je ne peux pas croire que tu sois là ... de mon côté du cÅur du temps.
Elle haussa les épaules comme si cela n'avait pas d'importance, mais cela en avait.
Eh bien, maintenant que je sais que ça va aller pour toi, je pense que je devrais y retourner et dire aux autres qu'on ne reviendra pas avant longtemps. Tu te reposes et je serai là à ton réveil.
Shinbe la fixa, sidéré. Son regard parcourait la pièce en réalisant ce qu'il avait manqué. Il était dans son monde ! Il avait dû se cogner la tête très fort pour ne pas s'en être rendu compte.
Attendez. Il reposa ses yeux d'améthyste sur elle. De quoi est-ce qu'elle parlait, ne pas y retourner avec elle ? Et si Toya l'empêchait de revenir ? Et si quelque chose lui arrivait ? Il était censé chercher le talisman avec eux. Il était censé la protéger de Hyakuhei.
Shinbe essaya de s'asseoir pour le lui dire, mais la douleur saisit son cerveau et il retomba sur le lit en grognant.
Kyoko s'arrêta en plein chemin, se retournant pour le regarder d'un air implorant.
Shinbe, s'il te plaît. N'essaye pas de te lever. On ne peut pas savoir si tes blessures intérieures ont guéri et je ne voudrais pas que tu te vides de ton sang en mon absence.
Elle avait presque dit cela sur le ton de la plaisanterie, mais il souffrait toujours et cela voulait dire qu'il pourrait aggraver les choses s'il bougeait.
Kyoko, je ne peux pas rester ici. Je ne sais même pas où on est.
Il commençait à paniquer en se disant qu'elle allait le laisser tout seul. Elle devait sentir sa peur car elle le rassura en ouvrant la porte.
Ne t'inquiète pas, Shinbe. Je vais demander à grand-père de te tenir compagnie.
Elle ferma la porte avant qu'il ait pu protester.
Chapitre 6 « Malentendus »
Après avoir trouvé grand-père et lui avoir dit que Shinbe était réveillé, Kyoko prit son sac à dos et le remplit de tout ce que ses amis aimaient. Elle prit du bÅuf séché pour Toya, des barres de chocolat pour Kamui, et bien sûr, le chewing-gum préféré de tout le monde.
En y repensant, elle prit quelques bouteilles de soda et du chocolat recouvert d'amandes pour Suki et Sennin. Kyoko sourit, se sentant mieux maintenant qu'elle savait que Shinbe se rétablirait bientôt. Pourtant... elle devait parler à cÅur ouvert à Toya concernant la bagarre et le fait qu'il aurait pu tuer son propre frère. Elle se demandait silencieusement comment Shinbe avait pu passer à travers le cÅur du temps. L'autel ne l'aurait pas laissé passer sans raison.
Probablement pour que je puisse m'interposer, marmonna Kyoko dans sa barbe.
Elle ajouta également les fournitures typiques qu'elle leur ramènerait, comme des bandages et de l'aspirine. Regardant dans la cuisine, elle se demandait si elle devait aller voir Shinbe une dernière fois, puis décida que non. C'était déjà assez dur de le quitter. Elle pouvait toujours voir le regard implorant dans ses yeux d'améthyste, comme s'il la suppliait de ne pas partir, mais elle ne partirait que quelques heures. Tout irait bien avec grand-père et Tama. Fermant son sac à dos, elle se dirigea vers le temple.
*****
Le petit groupe avait passé les dernières heures à essayer de trouver Shinbe. Ils ne pouvaient même pas trouver sa trace, ils ne savaient donc pas par où commencer. Ils ne pouvaient qu'imaginer le pire, même s'ils n'avaient pas de preuves. Cela les rendait fous d'inquiétude. Pour empirer les choses, Toya n'était jamais revenu à la cabane ce soir-là et cela leur faisait croire qu'il avait peut-être quelque chose à voir avec cette disparition.
En ne revenant pas après plusieurs heures, Suki était sûre d'avoir raison. Avec Kyoko partie, tout semblait encore pire.
Je le jure, si Toya revient, je le tuerai moi-même.
Suki sanglotait dans ses mains tandis que Sennin la réconfortait.
Kamui était assis à côté d'elle en silence tandis qu'il imaginait Shinbe mort. Mais il le saurait si Shinbe était mort... n'est-ce pas ? Kaen et lui avaient su que quelque chose était caché dès l'instant où ils avaient pénétré dans la clairière... quelque chose concernant les ondes de la zone empestée de colère et de quelque chose d'autre qu'ils ne pouvaient pas nommer.
Une autre preuve était que certains rochers autour de la statue de la jeune fille avaient été déterrés. Et où était Kyoko ? Avec cette pensée, Kamui se demandait ce qui s'était passé... Kyoko était-elle aussi blessée ? Elle n'était toujours pas revenue, et il commençait à s'inquiéter. Il soupira, sachant que Kaen était toujours dehors.
Coucou, il y a quelqu'un ? Dit Kyoko d'un ton enjoué tandis qu'elle ouvrait la porte de la cabane.
Elle remarqua immédiatement la détresse de Suki. Laissant son sac à dos à la porte, elle courut vers Suki.
Qu'est-ce qui ne va pas ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Elle se laissa tomber à côté de son amie car Suki ne pleurait jamais... elle était trop coriace pour ces trucs de fille.
Suki renifla et essuya ses yeux avec le revers de sa main. Ses lèvres s'écartèrent et elle essaya de parler :
Oh, Kyoko.
Elle se retourna et sanglota de nouveau, incapable de parler de ses peurs à son amie.
Sennin posa sa main sur l'épaule de Kyoko, regardant la fille, puis dit d'une voix calme :
Kyoko, est-ce que je peux te parler dehors ?
Kyoko regarda Sennin puis Suki, et se leva lentement.
Ãa doit être quelque chose de grave, songea Kyoko. Est-ce que quelque chose de grave est arrivé à Toya, ou ont-ils eu des nouvelles de la disparition du frère de Suki, Hikaru ?
Elle avait un très mauvais pressentiment qui se glissait dans son dos.
Elle suivit Sennin à l'extérieur.
Qu'est-ce qu'il y a Sennin ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Kyoko ne s'était jamais dit qu'ils étaient inquiets pour Shinbe. Elle pensait que Toya leur avait dit où le trouver.
Sennin tourna le dos à Kyoko, sachant qu'il allait devoir gérer une autre scène déchirante. C'était trop pour lui. Cela allait briser le cÅur de Kyoko, savoir que Toya avait peut-être tué Shinbe. Il décida de lui parler simplement de leur peur.
Kyoko, nous pensons que Toya a blessé Shinbe... et on n'arrive pas à les trouver.
Sa voix semblait plus âgée que d'habitude, et empreinte de tristesse et d'une touche de défaite. Il attendait les cris de douleur que la jeune fille allait bientôt pousser. En ne les entendant pas, il se tourna, juste à temps pour voir Kyoko retourner dans la cabane.
Kyoko s'assit sur le sol près de Suki et prit son amie dans ses bras.
Ãa va, Suki. Shinbe va bien.
Elle berça son amie.
D'une manière ou d'une autre... il a traversé le cÅur du temps avec Toya. Il est blessé, mais il va s'en remettre.
Suki cessa de respirer un instant, puis repoussa Kyoko en haletant et en la regardant furieusement tout en essuyant ses yeux avec sa main.
Shinbe... n'est pas mort ?
Elle continuait à fixer Kyoko.
Kyoko fronça les sourcils.
Non, il a beaucoup de blessures, mais il n'est pas mort. Je suis revenue pour vous faire savoir qu'il se remet.
Elle se demandait silencieusement pourquoi Toya ne leur avait rien dit.
Kamui écoutait les paroles de Kyoko et s'interrogeait dessus. Maintenant, il savait pourquoi il ne pouvait pas sentir Shinbe... il n'était même pas dans ce monde. Il quitta la cabane pour trouver Kaen afin de le prévenir et mettre un terme à la recherche. Il aurait voulu que ses grands frères, Kotaro et Kyou, apparaissent et l'aident d'une quelconque façon à régler cette situation. Il repensa à Kyoko.
Du moment qu'ils se blessent entre eux mais pas elle, chuchota Kamui, mais l'oppression de sa poitrine ne faiblissait pas.
S'il le devait... il la protégerait tout seul.
Suki se leva.
Il-il est resté avec toi toute la nuit, Kyoko ? On-on a vu Toya avec du sang sur les mains.
Elle bégaya puis marqua une pause, la colère envers Kyoko pour avoir gardé ce secret montait en elle.
Kyoko se leva.
Où est Toya ? Quand je le trouverai, je vais...
Suki l'interrompit en pleine phrase.
Il était avec toi tout ce temps ? Shinbe était avec toi dans ton temps ?
La voix de Suki avait un ton accusateur, et Kyoko était sidérée.
Tu as attendu si longtemps pour venir nous prévenir. Ne pensais-tu pas qu'on serait inquiets pour lui ?
Kyoko secoua la tête.
Je suis désolée, Suki. Je ne voulais pas le laisser avant d'être sûre qu'il était...
Elle vit le visage de Suki devenir rouge et recula.
Toute la nuit ? On l'a cherché quasiment toute la matinée, on avait peur qu'il soit mort ou allongé quelque part, blessé ! Et là tu reviens toute heureuse, me disant qu'il est avec toi !
Elle pointa du doigt son amie d'un air accusateur.
Tu aurais dû venir plus tôt. Tu aurais dû...
Elle craqua, un sanglot quittant son corps, soulagée de savoir que Shinbe allait bien.
Kyoko mit son bras autour de la fille pour la réconforter.
Je suis désolée, Suki. Je n'ai pas réfléchi. Ses blessures étaient assez graves. J'avais peur de le laisser avant son réveil. J'avais tellement peur de le perdre.
Suki repoussa Kyoko, sa colère montant de nouveau en flèche face aux paroles de Kyoko.
Tu... pensais que tu allais le perdre ?
Elle fixa Kyoko en retenant ses larmes.
Pourquoi se battaient-ils, Kyoko ? Est-ce qu'ils se battaient à cause de toi ?
Kyoko était surprise par cette question. Elle ne savait pas quoi répondre. Elle ne pouvait pas lui dire qu'elle avait embrassé Shinbe, et que Toya les avait vus. C'était Suki, son amie qui aimait secrètement Shinbe. La culpabilité la rongeait. Trahissait-elle son amie ? Elle regarda le sol en bois, le trouvant soudainement très intéressant.
Elle n'était pas amoureuse de Shinbe mais elle...
Bon sang, Ã quoi est-ce que je pense ?
Elle serra ses poings, s'exaspérant elle-même de penser à Shinbe de cette façon, alors que celle qui l'aimait vraiment se tenait devant elle. Elle devait savoir ce que Suki ressentait vraiment.
Suki, es-tu amoureuse de Shinbe ? Demanda-elle rapidement, n'ayant pas l'intention d'éviter la raison pour laquelle les deux gardiens se battaient.
Suki lui tourna le dos, ses joues devenant rouges face à cette question. Ãtait-elle amoureuse de lui ? Elle se le demandait. Oui, elle avait des sentiments pour lui. Mais amoureuse, de la manière dont Kyoko l'avait suggéré ? Elle secoua la tête. Elle n'aimerait jamais aucun homme. Surtout pas Shinbe. C'était hors de question. Peut-être qu'elle pourrait l'aimer s'ils réussissaient à tuer Hyakuhei, et se débarrasser de la malédiction de Shinbe. Mais... non, elle ne pouvait pas tomber amoureuse de lui. Elle ne pourrait pas supporter un autre chagrin.
Confuse par ses propres sentiments, elle se retourna vers Kyoko :
Tu évites la question, Kyoko ! Je t'ai demandé s'ils se battaient à cause de toi ?
Maintenant, elle était celle qui évitait une question, mais c'était une question à laquelle elle ne voulait vraiment pas répondre, ou penser.
Kyoko soupira, haussant les épaules.
Je ne sais pas. Toya ne vous a-t-il pas raconté ce qui s'est passé ?
Elle jeta un coup dâÅil à la porte en se demandant où il était.
Où est Toya ? Est-ce qu'il va bien ?
Soudain, Kyoko frissonna, réalisant que l'absence de Toya était ce qui les avait empêchés d'être au courant.
Suki explosa.
Quoi ?! Toya est parti après qu'on l'a trouvé. Ses griffes étaient couvertes de sang, Kyoko ! Il était...
Suki fut interrompue par Sennin entrant dans la cabane.
Peux-tu arrêter de brailler, Suki ?
Il s'assit sur le matelas et ramassa un bâton, tisonnant le feu devant lui.
Kyoko, viens t'asseoir. Dis-nous ce que tu sais.
Kyoko regarda Suki. Elle n'aimait pas savoir que son amie était en colère contre elle. Pourquoi se battaient-ils tous les uns contre les autres, tout d'un coup ? Ils avaient toujours été soudés et prêts à se défendre... quelque chose n'allait pas. Elle s'assit et commença à leur raconter ce qui s'était passé, des sources chaudes à l'apparition de Shinbe dans son temps.
Bien sûr, elle ne mentionna pas le baiser, simplement que Toya était en colère car elle était en sous-vêtements.
Voilà , c'est tout. Il s'est réveillé avant que je vienne ici. Il est en très mauvais état.
Elle secoua la tête, regardant ses mains.
Grand-père dit que ça prendra quelques jours avant qu'il puisse se lever et bouger de nouveau.
Suki releva brusquement la tête.
Quoi ? Il ne peut pas rester dans ton temps !
Elle baissa instantanément les yeux, se sentant bizarre. D'où venait cette jalousie, tout d'un coup ?
Sennin posa sa main sur le bras de Suki.
Calme-toi, tu ne voudrais pas qu'il revienne en étant toujours blessé.
Suki soupira.
Mais c'est trop long. On peut tout aussi bien s'occuper de lui ici.
Elle n'aimait pas le fait que le groupe ait été séparé.
Sennin gloussa.
Oui, mais pour revenir, il faudrait qu'il voyage à travers le cÅur du temps. Le stress lié à quelque chose d'interdit pourrait aggraver ses blessures.
Kyoko se leva.
Je ne veux vraiment pas partir, mais je suis simplement revenue pour vous dire qu'il allait bien. Je ferais mieux d'y retourner avant que grand-père et Tama le rendent fou.
Elle prit son sac à dos et sourit nerveusement tandis que Kamui entrait dans la cabane, leurs yeux se croisant.
Kamui ne pouvait pas s'empêcher de prendre Kyoko dans ses bras et de la serrer fort. Il allait mieux maintenant qu'il savait que Toya n'avait pas sérieusement blessé Shinbe. En ne voyant pas Kyoko revenir, il avait pensé au pire.
Je garderai un Åil sur eux de ce côté. Ramène-nous notre Shinbe.
Il sourit, l'amour dansant dans ses yeux multicolores. Il avait voulu lui dire qu'il était tout aussi en colère contre elle que Suki.
Kyoko lui sourit en lui tendant une boîte de chocolats.
Ne mange pas tout trop rapidement. Je ne veux pas que tu aies mal au ventre.
Elle passa sa main dans les reflets soyeux et violets de ses cheveux et lui rendit son câlin. Elle était heureuse, il y avait au moins une personne qui ne lui en voulait pas. Kamui avait toujours eu le cÅur le plus doux.
Elle chuchota près de son oreille pour que Suki ne l'entendît pas :
Si Toya revient, dis-lui que je dois le voir.
Kamui hocha la tête.
Suki était assise en tournant le dos à Kyoko.
Dis à Shinbe qu'il ferait mieux de se remettre rapidement.
Elle renifla et Kyoko se sentit soudainement vraiment coupable. Lâchant Kamui, elle posa les choses qu'elle avait ramenées pour les autres près de la porte, ne voulant pas embêter Suki une nouvelle fois. Elle savait qu'elle trouverait les fournitures et les cadeaux plus tard. Elle dit au revoir, puis se dirigea seule vers l'autel, se demandant où Toya était.
*****
De l'autre côté du portail temporel, Shinbe était allongé sur le lit avec les yeux fermés, essayant de couvrir les bavardages insensés de grand-père avec ses propres pensées. Quand est-ce que Kyoko allait revenir pour le sauver ? Il rit intérieurement tel un homme fou. Ouais, c'était la seule à pouvoir le sauver à cet instant.
Même en étant blessé, il ne pouvait pas s'empêcher de penser à elle. Cela devait être lâÅuvre de Dieu cherchant à le punir pour ses péchés. Il savait bien que si Toya apprenait toute la vérité, il ne serait pas vivant en ce moment.
Les autres, dont Toya, avaient toujours pensé qu'il voulait Suki uniquement parce que c'était ce qu'il voulait qu'ils pensent. Suki ne voulait pas d'histoire d'amour et cela faisait d'elle une bonne cible... jouant un rôle important dans son mensonge sans le savoir. Il commença à se rendormir tandis que des visions de Kyoko dans ses bras apparaissaient dans son esprit.
*****
Kyoko marchait lentement vers l'autel de la jeune fille avec des sentiments partagés. Pourquoi Toya s'était-il enfui ? Et maintenant, elle avait l'impression d'être égoïste car elle avait laissé les autres s'inquiéter aussi longtemps. Elle pensait juste que Toya leur aurait raconté les événements. Tout cela commençait à être hors de contrôle. Ils devaient toujours trouver le talisman dispersé et Hyakuhei était quelque part, probablement en train de planifier leurs morts. à cet instant, tout le groupe semblait se séparer.
Toya observait Kyoko alors qu'elle se dirigeait vers l'autel. Il avait senti son arrivée et l'avait cherchée, puis avait remarqué que Shinbe n'était pas avec elle. Le gardien d'améthyste était donc toujours dans le temps de Kyoko... et maintenant, elle semblait retourner vers lui.
Depuis son retour, Toya était resté dans une grotte pas très loin. Il ne regrettait pas la bagarre contre Shinbe, mais il n'avait pas voulu le blesser autant que cela. Est-ce que Kyoko le croirait ? Ses orbes dorés l'observaient du sommet sombre d'un arbre. Il savait qu'il devait lui parler avant de repartir aux côtés de Shinbe.
Kyoko leva les yeux, réalisant qu'elle était déjà au cÅur du temps. Elle avait été tellement perdue dans ses pensées qu'elle n'avait même pas fait attention. Elle soupira, puis leva le menton pour rassembler son courage et décida qu'elle discuterait avec Shinbe à son retour.
Kyoko s'arrêta en plein chemin en voyant un mouvement rapide du coin de lâÅil. Avant de pouvoir cligner des yeux, Toya se tenait entre elle et l'autel. Il la regardait d'un air envoûté à travers sa frange rebelle qui était tombée pour cacher ses yeux, ses cheveux et ses vêtements flottant toujours à cause de l'atterrissage rapide.
Il pouvait faire les choses les plus étranges que le corps entier de Kyoko s'illuminerait comme si une onde de choc électrique la traversait. La poignée de papillons voletant dans son estomac semblait être dans une frénésie d'accouplement. Elle ne savait ni quoi dire, ni quoi faire, alors elle resta immobile en essayant de lire son visage. Elle pouvait voir toutes sortes d'émotions, de la culpabilité à la colère... même une touche de dépression.
Retrouvant finalement sa voix, même si elle avait une touche de peur selon elle, elle prit la parole :
Je... Toy...ya ?
Ses yeux s'élargirent lorsqu'il leva brusquement la tête et que son regard croisa le sien. Kyoko ne voulait pas faire un pas en arrière mais elle l'avait quand même fait. Lorsqu'elle remarqua qu'il plissait les yeux face à son geste, elle se figea pour lui faire face. Timidement, elle fit un pas en avant pour lui faire savoir qu'elle n'avait pas peur de lui.
Toya l'observait silencieusement, sentant de la peur en elle. Lorsqu'elle avait reculé, cela l'avait rendu furieux au point de sentir son sang chauffer. Il attendait de voir ce qu'elle allait faire et se calma en la voyant s'approcher de nouveau, réduisant la distance qu'elle avait créée. Il ne voulait pas qu'elle eût peur de lui.
Kyoko, dit-il d'une voix ferme et sévère. Tu sais que je ne te ferais jamais de mal.
Il serra ses poings sur ses flancs.
Je sais que tu le sais.
Sa voix était exigeante.
Kyoko mordit sa lèvre inférieure en entendant la tension dans sa voix. Ouais, elle savait qu'il ne lui ferait pas de mal volontairement... mais elle se souvenait également que Hyakuhei avait fait quelque chose à son sang qui l'avait rendu extrêmement dangereux lorsqu'il était furieux. Gardant une respiration régulière, elle commença à s'avancer lentement vers lui.
Où étais-tu ?
Toya pouvait entendre l'inquiétude dans sa voix et ses yeux s'élargirent, s'interrogeant. S'était-elle inquiétée pour lui ? Il s'était dit qu'elle le détesterait simplement, après ce qu'il avait fait. Il s'était rendu malade en y pensant.
Comment va... Shinbe ?
Il serra les dents en prononçant son nom.
Kyoko fronça les sourcils.
Il va s'en remettre. Mais il faudra du temps avant qu'il puisse revenir. Je n'ai même pas pu lui demander ce qui s'était passé, donc dis-le-moi. Pourquoi as-tu... fait ça ?
Sa voix devint inaudible un instant, puis elle chuchota :
Suki et les autres pensaient qu'il était mort.
Elle éleva la voix d'un cran en prenant un ton accusateur.
Tu aurais pu au moins leur dire où il était.
Elle regarda la statue de la jeune fille derrière lui, évitant son regard. La crudité de ses yeux était trop insupportable pour elle.
Toya avait froid et chaud en même temps. Cette sensation était dérangeante. Tout ce qu'il avait en tête, c'était qu'elle le détesterait, et c'était la seule chose qu'il ne pouvait pas supporter. Il avait également du mal à digérer le fait de l'imaginer seule avec Shinbe dans son temps. Surtout après les choses que son frère avait dites. C'était comme s'il la menaçait.
Kyoko observait les émotions changeantes dans ses yeux dorés qui s'assombrissaient à présent avec réflexion. Il était incroyablement calme, ce qui commençait à lui faire peur. Elle s'avança de quelques pas, comme si elle allait le dépasser pour rejoindre l'autel, mais il se déplaça pour lui bloquer le passage, ce qui la secoua encore plus.
Ãcoute, si tu ne veux rien dire, je n'ai plus qu'à retourner auprès de ton frère Shinbe pour voir les dégâts que tu as causés, lui cria-t-elle.
Toya ne pouvait pas le supporter. En un clin dâÅil, il la tenait, la piégeant dans ses bras, son instinct lui disant de ne pas la laisser retourner dans le cÅur du temps... près du gardien indigne de confiance.
Kyoko, attends.
Sa voix était toujours un peu rude et il essaya de l'adoucir en sentant Kyoko se raidir.
Kyoko, tu ne connais pas la raison de notre bagarre. Tu ne sais pas ce qu'il a dit. Tu ne peux pas lui faire confiance. Je ne lui fais pas confiance. Il a changé, et je n'aime pas ça.
Kyoko sentit ses bras se resserrer autour d'elle, et elle savait qu'il était sérieux. Toya ne lui avait jamais menti... mais cela n'avait aucun sens. Elle essaya de se pencher en arrière dans ses bras pour le regarder dans les yeux.
Qu'est-ce que tu veux dire ? C'est le même que d'habitude.
Non Kyoko, il te l'a caché. Il se passe quelque chose avec lui et je ne sais pas ce que c'est, mais je peux le sentir. Il cache quelque chose, grogna faiblement Toya.
Toya espérait qu'elle comprendrait ses mots et qu'elle ne penserait pas que c'était une excuse pour l'avoir frappé.
Kyoko fronça les sourcils. Elle avait remarqué quelques petites choses concernant Shinbe. Mais pour elle, les changements n'étaient pas mauvais, mais elle savait que Toya avait de bons instincts donc elle ne rejetterait pas entièrement ses paroles. Pour s'en assurer, elle soupira :
Tu ne dis pas ça uniquement à cause du baiser, n'est-ce pas ?
Elle sentit le torse de Toya vibrer contre elle.
Ce baiser.
Toya grogna et tendit la main pour attraper son menton, relevant son visage vers lui. Il y avait une question qui le perturbait.
Kyoko, pourquoi est-ce que tu l'embrasserais pour t'avoir sauvée, mais pas moi ? Je ne comprends pas.
Il baissa ses yeux vers ses lèvres boudant et avant de pouvoir le repousser, il posa ses lèvres sur les siennes, sentant ses lèvres soyeuses contre les siennes pour la première fois.
Lorsqu'elle haleta face à cette attaque soudaine, Toya intensifia son baiser, attendant sa réaction. Il pouvait entendre l'accélération de ses battements de cÅur, et il pouvait sentir son corps chauffer.
Kyoko obtenait le baiser qu'elle avait toujours voulu, mais quelque part, elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire que c'était pour les mauvaises raisons. L'embrassait-il parce que Shinbe l'avait fait ? Non, ce n'était pas bien. Elle appuya contre son torse, et le manque d'air n'était pas la seule raison.
Attends Toya, haleta-t-elle. Arrête, je ne peux pas réfléchir.
Toya sourit d'un air narquois, détendant ses bras mais ne la relâchant pas.
C'est une bonne chose, Kyoko.
Il avait ressenti quelque chose avec le baiser, et cela le réconfortait de savoir qu'elle aussi. Peut-être qu'il ne la perdrait pas à cause de Shinbe, après tout. Il se rappelait de la menace avec laquelle Shinbe l'avait nargué.
Shinbe n'est pas entièrement digne de confiance. Je préférerais que tu restes là et que tu laisses ta famille s'occuper de lui pour l'instant.
Ses yeux la suppliaient. Kyoko fronça les sourcils.
Non, je dois y retourner. Il ne s'est réveillé que quelques minutes avant mon départ pour vous faire savoir qu'il se remettrait.
La culpabilité la rongeait.
D'ailleurs, j'ai l'impression que vous vous êtes battus à cause de moi, donc je vais m'occuper de lui jusqu'à ce qu'il se sente mieux, puis je le ramènerai.
Elle plissa les yeux.
Et on doit s'entendre si on veut trouver le reste du talisman.
Elle poussa son doigt sur son torse et finit par reculer, hors de ses bras.
Plus de bagarre. T'as compris ? Tu l'as presque tué.
Ses yeux cherchaient les siens à la recherche de la vérité.
Alors je viens avec toi, dit fermement Toya en remettant ses manches sur ses bras et en se tenant droit. Shinbe pue la culpabilité, et je ne sais pas pourquoi.
Secrètement, il était content car elle n'était pas encore restée seule avec lui, étant donné qu'il venait de se réveiller.
Je ne lui fais pas assez confiance pour rester seul avec toi.
Kyoko cligna des yeux.
Tu ne t'approcheras pas de Shinbe, il n'en est pas question. Il souffre beaucoup, et c'est de ta faute.
Elle n'essayait pas d'être méchante... elle voulait seulement les séparer pour l'instant.
Je te propose un marché. Je reviendrai demain et je donnerai des nouvelles à tout le monde, si tu me promets que tu retourneras avec le groupe.
Voyant l'obstination dans ses yeux, elle regarda le sol un moment puis chuchota profondément :
On est toujours un groupe... n'est-ce pas ? On doit toujours trouver le talisman avant Hyakuhei.
Les yeux de Toya brillaient dangereusement.
S'il fait quelque chose, et que je ne suis pas là ... je ne peux pas te protéger et...
Il éleva la voix d'un cran.
⦠je suis ton protecteur, pas lui !
Kyoko releva brusquement la tête face à ses mots. Toya ne montrait pas souvent ses sentiments mais lorsqu'il laissait tomber son armure, ce qui était rare, elle pouvait le voir clairement.
Elle sourit, essayant de le calmer.
Ãcoute, Shinbe est trop faible pour tenter quoi que ce soit, donc ne t'inquiète pas. Je reviendrai demain.
Elle s'avança vers le cÅur du temps et le vit bouger pour l'arrêter.
Toya ! Cria-t-elle en lançant le sort de domptage.
Kyoko adoucit sa voix.
Ãcoute, je sais que tu n'as pas confiance en Shinbe, mais fais-moi confiance. Je reviendrai demain soir. Tout ira bien... tu verras.
Après cela, elle toucha la main de la jeune fille et disparut. Elle pouvait toujours entendre le flot d'injures tandis que le cÅur du temps la ramenait de l'autre côté.
Kyoko fronça les sourcils d'un air songeur en arrivant dans le temple. Elle pouvait voir les dégâts causés par la bagarre. En se retournant, elle plaça un sceau de verrouillage sur les mains de la jeune fille, décidant qu'il valait mieux prévenir que guérir.
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