Madame Clotilde. La dеtective sous la couette
Asia Goroshkova
? quoi peut bien ressembler la vie d’un petit teckel nain nommе Clotilde ? Faites sa connaissance et vous saurez quelles aventures l'attendent chaque jour. Dans ce livre, Clotilde enqu?te sur la disparition d'une couette et dеcouvre la neige pour la toute premi?re fois.
Asia Goroshkova
Madame Clotilde. La dеtective sous la couette
Madame Clotilde. La dеtective sous la couette
Elle vivait au quatri?me еtage, se levait aux aurores, rеveillait toute la famille, pressait les enfants pour qu'ils ne fussent pas en retard ? l'еcole, bavardait avec les voisins, sortait dans la rue et veillait ? ce que la cour f?t en ordre. C’еtait une dame affairеe. Sa journеe commen?ait tr?s t?t, mais ? neuf heures du soir prеcises, o? qu'elle se trouv?t, elle se prеcipitait dans sa maison, se couvrait d’une couette de la t?te aux pieds et tout ce qui l’entourait lui devenait absolument indiffеrent.
Ah oui ! J'ai oubliе de prеciser que Madame Clotilde est un petit teckel nain ? poil roux avec un nez de renard pointu et une longue queue fine qui ne cesse de remuer. Et que sa maison est la caisse de transport dans laquelle elle a еtе achetеe ? un еleveur par ses parents humains. Elle a beaucoup grandi depuis, mais elle y entre toujours, occupant presque tout l'espace intеrieur.
Le dеbut de la journеe ne laissait prеsager rien de spеcial. Comme d'habitude, elle se rеveilla avant tout le monde et vеrifia dans le bol si quelque chose de savoureux y еtait apparu pendant la nuit, mais non. Dommage. Elle but un peu d'eau et alla voir ses ma?tres. Ils dormaient profondеment, comme de coutume. Son papa humain еmettait des reniflements ? peine audibles. Elle sauta sur le lit avec ses pattes avant, s’effor?ant de le faire le plus vigoureusement possible afin d’observer de plus pr?s les yeux de sa maman humaine, car celle-ci ne dormait souvent pas, faisant semblant d’?tre assoupie pour pouvoir rester au lit plus longtemps. Clotilde la regarda tr?s attentivement. « On dirait qu’elle dort vraiment », dеcida-t-elle. Elle essaya d'atteindre le visage de sa m?re avec sa langue, tirant son museau aussi loin que possible pour pouvoir la lеcher et la rеveiller enfin. Mais ses pattes arri?re gliss?rent tra?treusement et Clotilde tomba sur le sol, les pattes еcartеes. En se relevant, elle regarda ? nouveau sa m?re et son p?re, mais il semblait qu'elle ne parviendrait pas ? les rеveiller aujourd'hui. « C’est ennuyeux », pensa-t-elle. Et elle partit chercher de quoi se divertir.
Les amusements ne manquaient pas. Elle enjamba indiffеremment l'oie et le sifflet en caoutchouc mordillе et se prеcipita dans la pi?ce voisine vers une chaussette solitaire, si nеgligemment abandonnеe la veille par son p?re humain. Quelle odeur ! Elle enfon?a ses dents dans la chaussette, la projeta en l'air, l'attrapa ? nouveau, la mordit pour essayer de la dеchirer. Tout ? coup, en plein jeu, elle entendit un bruit. C'еtait sa maman humaine qui se levait pour prеparer un cafе. Clotilde laissa tomber la chaussette et s'еlan?a de toutes ses forces dans la cuisine, mais s'arr?ta ? mi-chemin, revint ? la chaussette et la lan?a habilement. Une seconde plus tard, un claquement de dents se fit entendre et la chaussette se trouva remisеe dans la maisonnette de Clotilde, soigneusement enfouie sous sa couette. Pourquoi donner ? maman une raison de se f?cher de bon matin ?
Le regard encore endormi, la maman humaine de Clotilde se tenait dans la cuisine, versant du cafе dans la machine. Clotilde sauta sur elle, incapable de lui dire combien elle lui avait manquе pendant la nuit et combien elle еtait heureuse de la revoir. La machine ? cafе, qui n’еtait pas non plus rеveillеe, se mit ? ronchonner et ? remplir la tasse d’un liquide noir. Maman se contenta de caresser doucement la t?te de Clotilde en passant et commen?a ? prеparer le petit dеjeuner. Puis papa apparut dans la cuisine, dеj? habillе pour la promenade et tenant la laisse. Folle de joie, Clotilde se prеcipita vers lui en remuant frеnеtiquement la queue. La promenade !
Dehors, l’air еtait suffocant. Papa marchait lentement. Clotilde commen?a par sautiller, mais l'air chaud l’accabla bient?t. Sur le chemin du retour, papa rencontra un voisin, si bien qu’ils s’arr?t?rent. Pendant que papa parlait de roues et d'huile de moteur, Clotilde, еcrasеe par la chaleur, dеcida de s'asseoir. « Cela va ?tre long », pensa-t-elle.
Non loin d'eux, un pigeon secouant nerveusement la t?te marchait lentement mais rеsolument sur l'asphalte chaud en direction d'une flaque d'eau. Il imaginait dеj? le plaisir qu'il еprouverait ? se baigner et ne prеvoyait pas de sortir de la flaque avant le soir. Du coin de l’Cil, il aper?ut des gens et un chien, mais n'y pr?ta pas attention. Il savait que les citadins ne prеsentaient aucun danger. Quant au chien… eh bien, il еtait presque endormi. Il ne se soucierait certainement pas de lui.
Souffrant d'oisivetе, Clotilde еtait sur le point de s’endormir lorsqu'un pigeon passa non loin d’elle en battant le rythme avec sa t?te. Tous trois n'eurent que le temps de cligner des yeux. Lorsque papa rouvrit les yeux et retint enfin Clotilde par la laisse, le pigeon contemplait sa queue, dont le fier apparat avait laissе place ? une peau blanche de poulet plumе, honteusement recouverte d’un petit duvet d'o? ne dеpassaient fi?rement que deux plumets solitaires. Clotilde s'effor?a de recracher les plumes restantes de sa bouche. Papa s’empressa d’achever sa conversation avec le voisin et se dirigea vers la maison, entra?nant avec lui Clotilde. Celle-ci еtait de bonne humeur et satisfaite d'elle-m?me.
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